Paris – Théâtre des Bouffes du Nord jusqu’au 31 juillet 2013

Une Flûte Enchantée selon Peter Brook d’après Wolfgang Amadeus Mozart et Emanuel Schikaneder

Une flûte en abrégé, un l’enchantement complet

Une Flûte Enchantée selon Peter Brook d'après Wolfgang Amadeus Mozart et Emanuel Schikaneder

Heureuse reprise ! Aux antipodes des extravagances du vidéaste Pierrick Sorin qui, actuellement à Lyon, transforment l’ultime opéra de Mozart en machine à images, Une flûte enchantée revisitée parle le génial homme de théâtre Peter Brook, 88 ans, tire tout le suc poétique de ce beau chemin de l’ombre à la lumière et en fait – en résumé – une sorte d’initiation à l’amour. Le spectacle fut créé à l’automne 2010 et, depuis, voyagea aux quatre coins du monde (voir WT 2533 du 16 novembre 2010).

La démarche est annoncée dès le titre : il ne s’agit pas de « la » flûte enchantée, mais d’« une » flûte enchantée. Quand Brook apprivoise des œuvres pour les mettre au diapason de ce Théâtre des Bouffes du Nord qu’il dirigea durant plus de trois décennies, il annonce la couleur d’emblée. Si son approche n’est pas conforme, il a l’honnêteté d’en transformer le titre : Carmen de Bizet est ainsi devenue La tragédie de Carmen, et Pelléas et Mélisande de Debussy, raccourci en Impressions de Pelléas.

Sa Flûte enchantée n’est donc pas celle créée en septembre 1791 au Theater an der Wien de Vienne. « Résumé » est le mot juste pour ce qui est de la durée – 1h30 au lieu de 3 – mais il est impropre pour ce qui est du sens. S’il laisse dans les coulisses de l’imaginaire un certain nombre de personnages – les trois dames, les trois garçons, les prêtres du temple de Sarastro, - c’est pour mieux plonger dans l’intimité de la quête des personnages principaux. Tamino, Pamina, Papageno, Papagena, la reine de la nuit, Monostatos et Sarastro ont ici pour compagnon et guide un comédien récitant qui éclaire leur recherche. Ils chantent en allemand, ils parlent en français. Marie-Hélène Etienne, collaboratrice de Brook depuis l’origine de l’épopée des Bouffes du Nord, a traduit, adapté et joliment réaménagé les dialogues du « singspiel » de Schikaneder. Les improvisations au gré des humeurs et des circonstances sont autorisées…

Musicalement le « débroussaillage » du pianiste et compositeur Frank Krawczyk tient du tour de magie puisqu’il réussit à condenser sur son seul piano les principaux thèmes qui jalonnent l’opéra. Deux petites notes, puis une cavalcade joyeuse, andante allegro… Krawczyk fait virevolter Mozart, improvise parfois hors partition, jusqu’à insérer, comme en clin d’œil, quelques mesures d’une autre œuvre du frère Mozart, tirées notamment de sa Fantaisie en ré mineur K397

Comme il y a trois ans plusieurs distributions réunissent les jeunes chanteurs. Certains étaient déjà présents au moment de la création, comme Malia Bendi Merad, reine de la nuit sorcière aux contre-fa en vrille, Antonio Figueroa/Tamino qui siffle à bouche nue l’air de sa flûte, Dima Bawab. Pamina, Betsabée Haas/Papagena, Leur guide commentateur est toujours le superbe comédien malien Abdou Ouologem.

Initiation ludique à Mozart. A voir pour le plaisir. Les enfants peuvent même y emmener leurs grands-parents.

Une flûte enchantée d’après Wolfgang Amadeus Mozart et Emanuel Schikaneder, librement adapté par Peter Brook, Franck Krawczyk et Marie-Hélène Etienne, mise en scène Peter Brook, costumes Hélène Pararot et Oria Puppo, lumières Philippe Vilatta. Avec : en alternance au piano Remy Atasay et Vincent Planès et, du 28 juin au 15 juillet puis du 16 au 31 juillet : Malia Bendi Merad et Leila Benhamza, Anne Emanuelle Davy, Antonio Figueroa, Virgile Franais, Betsabée Haas, Alex Mansouri ; Vincent Pavesi, - Dima Bawab, Thomas Dolié, Alex Mansouri, Roger Padulès. Et Abdou Ouologuem .

Théâtre des Bouffes du Nord, les mardis, mercredi, vendredis et samedi à 20h30 – jusqu’au 31 juillet 2013

01 46 07 34 50 – www.bouffesdunord.com

A propos de l'auteur
Caroline Alexander
Caroline Alexander

Née dans des années de tourmente, réussit à échapper au pire, et, sur cette lancée continua à avancer en se faufilant entre les gouttes des orages. Par prudence sa famille la destinait à une carrière dans la confection pour dames. Par cabotinage, elle...

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