Spelling spectacle de I. B. Myrhe
Signifiants sans signifiés
Un trio de danseuses différentes d’apparence : Ingrid Berger Myrhe, Nicola Gunn et Ida Wigdel. Un plateau nu dans l’espace duquel sont suspendus un rideau en tissu, deux autres en fils, une sorte de kakémono. Un début intrigant qui ressemble à certains jeux d’écolières en récréation : l’une fait un geste, les deux autres se placent près d’elle imitant ce geste, ensuite une autre prend la relève mais prolonge le geste ou en ajoute un autre. Et ainsi de suite indéfiniment. La chorégraphe Myrhe, intégrée au trio, semble y voir une façon de traduire dans l’action de quelle manière se construit un ballet et comment ses composants finissent par former un tout cohérent.
Tout l’espace est exploré y compris jusqu’à l’étendre au-delà du visible en disparaissant quelque temps en coulisses. Ce n’est pas vraiment de la danse ni d’ailleurs du mime. Gestuelle et positions ne produisent que des signifiants dépourvus de tout signifié même implicite. La séquence est muette, sans support musical. Seules la notion de plaisir et peut-être un peu celle de compétition sont perceptibles.
À l’audition, quasi rien. Le silence total. Sauf, en tendant l’oreille, se perçoit le frottement de leurs baskets sur le sol. Puis, ce sera l’ajout du souffle. Ensuite sa prolongation par une sonorité orale qui ne parvient pas à aller jusqu’au mot. En complément vient le chant. L’univers sonore lui aussi se structure. Une mandoline apparaît et sert d’instrument en direct. Un carillon métallique tintinnabulera, suspendu dans les cintres. L’intensité sonore s’amplifie. La bande enregistrée finira par être omniprésente : de bruitages ponctuels et de sonorités empruntés aux débuts de la musique expérimentale dite concrète, elle aboutira à du mélodique et du rythmique proche de ce qu’on retrouve en discothèques.
Pour les yeux, outre les évolutions de plus en dansées, le plein feu immuable de l’éclairage va s’enrichir de plages colorées, se ponctuer de noir total. Il reproduira même certains effets optiques des ambiances de soirées dansantes. Des objets multicolores. empruntés au lieu ou surgis d’une sorte de coffre à trésor deviennent partenaires.
Ceux-ci seront utilisés comme accessoires. Sept d’entre eux, d’usage courant, seront disposés au centre du plateau de manière à rappeler les sept couleurs de l’arc-en-ciel. Chaque spectateur est désormais intégré à ce qui est devenu en quelque sorte un rêve éveillé dont les signifiants corporels ou scéniques se chargent des signifiés d’une sortie festive en night club.
Le noir final est proche. C’est alors, en guise de prélude à ses applaudissements, que le public est convié à repenser au chiffre choisi par chacun au cours du prologue avant le spectacle. Dès que ce chiffre associé à une couleur du spectre de la lumière visible (rouge, orange, jaune, vert, bleu, indigo, violet) apparaît sur le coffre devenu écran, il lui est suggéré de s’approprier l’objet lui correspondant. Ce qui, en fin de compte (conte ?), le ramène de la réalité à l’imaginaire.
Durée : 1h
Festival Next
24>25.11.2023 Espace Pasolini Valenciennes
En tournée :
15.03.2024 Nona Mechelen (Be)
19.03.2024 AINSI Maastricht (Nl)
21.03.2024 Biekorf, Bruges (Be)
16.02.2024 Vega Scene Oslo (No)
12.03.2024 Biekorf Bruges (Be)
14.03.2024 Stuk Louvain (Be)
15.03.2024 Nona Malines (Be)
19.03.2024 AINSI Maastricht (Nl)
05>06.04.2024 Rosendal Trondheim (No-)
25-26.05.2024 Spring Festival Utrech (Nl)
Chorégraphie : Ingrid Berger Myhre
Interprétation : Nicola Gunn, Ida Wigde, Ingrid Berger Myhre
Conception sonore : Lasse Passage
Création lumière : Fudetani Ryoya
Scénographie : Oshin Albrechts
Photo © Paul Sixta
Production : Caravan Production
Coproduction : BUDA, BIT Teatergarasjen, Rosendal Teater, Dansateliers Rotterdam
Résidences : STUK, Pianofabriek, Kaaitheatre, KAAP, Üferstudios
Soutien : Advancing Performing Arts Project (apap) – FEMINIST FUTURES – un projet cofinancé par le programme Europe créative de l’Union européenne
Financé par : Arts Council Norway, Fond for Lyd og Bilde, Vlaamse Gemeenschap