Paris - Opéra Comique

Looking for Joséphine

Pour l’amour du jazz

Looking for Joséphine

Musique et nostalgie : Jérôme Savary tire sa révérence à l’Opéra Comique dont il quittera la direction la saison prochaine. En revenant à ses amours d’antan de bateleur et de trompettiste jazzy ayant fait ses classes à la fanfare des Beaux Arts.

Une gamine nue ceinturée d’un collier de bananes

Parce que le jazz lui colle au cœur depuis toujours et que les grands sentiments ont immanquablement accompagnés toutes ses folies scéniques, il a voulu que son dernier spectacle rende hommage aux pionniers de La Nouvelle Orléans et en raconte les espoirs et les misères. En usant du plus joli prétexte qui soit : la saga (imaginaire) de la première star de la négritude, l’incroyable gamine qui dansait nue ceinturée d’un collier de bananes, la grande, l’unique Joséphine Baker.

Une belle et généreuse intention qui a pu se concrétiser grâce à la découverte de Nicolle Rochelle, ce rare oiseau des îles capable de ressusciter l’allure, le punch et la drôlerie de Joséphine. Et de la participation d’un orchestre et de danseurs 100% (ou presque) AOC New Orleans.

Un drôle de loustic cherche la perle d’une nouvelle Revue Nègre

En première partie, Savary fait tourner à l’envers les aiguilles de l’horloge du temps. De la Louisiane dévastée par l’ouragan Katrina en 2005 à l’esclavage des hommes et des femmes importés d’Afrique comme des marchandises, puis à l’abolition de façade de cet esclavage, quand les Nègres, toujours bons pour les travaux dans les champs de coton ou pour les divertissements en musique, étaient tenus à l’écart de tout ce qui, dans cette Amérique pas tellement lointaine, était « wasp^ », white-anglo-saxon-protestant. Des images défilent sur un écran géant, dans une barque de fortune quelques rescapés cherchent à survivre tandis qu’un drôle de loustic, producteur de revues de son état (l’impayable Michel Dussarat), cherche la perle de son nouveau spectacle consacré à la Revue Nègre. C’est un peu longuet, un peu bavard, écrit à la va comme je te pousse, illustré de swing, gags et de souvenirs en cartes jaunies.

The man I love

Nicolle Rochelle, sexy, enjouée, jolie voix et belles gambettes

La deuxième partie plonge au cœur du sujet : « revival » drolatique de la Revue Nègre, coups de chapeau aux grands du jazz, Billie Holiday, Louis Armstrong Count Basie, et autres Duke Ellington...J’ai deux Amours et La Tonkinoise, l’incontournable grand escalier du Théâtre des Champs Elysée façon Folies Bergères les solistes de l’orchestre de David Boedinghaus déchaînés, des ballets coquins, d’éblouissants danseurs de claquettes, James Campbell, le narrateur et Jimmy Justice, l’incroyable Old Joe, retrouvent leurs vingt ans, chantent des mélopées et dansent comme des enfants. Nicolle Rochelle, sexy, enjouée, jolie voix et belles gambettes campe une Joséphine crédible ce qui n’est pas un mince compliment. Savary enfin, sa trompette vissée au bec, jouant les prolongations au-delà des rappels pour le plus grand plaisir d’un public conquis.

Looking for Joséphine, conception, texte, mise en scène et décors de Jérôme Savary, costumes de Michel Dussarat, chorégraphie deWanjiru Kamuyu et Brian Scott Bagkey, avec Nicolle Rochelle, Jimmy Justice, Alien Holst, James Campbell, Michel Dussarat, les musiciens de David Boedinghaus, danseurs et danseuses. Opéra Comique, soirées à 20h, matinées à 15h (en langue anglaise tous les jeudis à l’exception des 4 et 11 janvier)
 0 825 00 00 58

crédit photo : Serge Alvarez

A propos de l'auteur
Caroline Alexander
Caroline Alexander

Née dans des années de tourmente, réussit à échapper au pire, et, sur cette lancée continua à avancer en se faufilant entre les gouttes des orages. Par prudence sa famille la destinait à une carrière dans la confection pour dames. Par cabotinage, elle...

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