Les Zola de Joëlle Fossier
Ultime confession

Septembre 1902, rue de Bruxelles à Paris, chez Emile Zola. L’épouse, Alexandrine, tente d’amener la conversation sur le terrain de l’intimité. Le grand romancier préfère parler de ses combats, de cette affaire Dreyfus qui lui vaut tant de haine. Pourtant, une lettre anonyme l’accuse d’infidélité. Un besoin de vérité saisit le couple et surtout Zola qui, douloureusement, se confesse : il mène une double vie, il a une amie qu’il entretient, leur ancienne lingère, et il a eu d’elle deux enfants. Alexandrine reçoit l’aveu avec courage et fait preuve de compréhension. Au matin, Zola est mort (accident dû à l’émanation de gaz venu du chauffage ou crime programmé après manipulation de la chaudière ? L’auteur est persuadée qu’il s’agit d’un crime), Alexandrine a survécu. Elle décide d’aller voir l’amie de son amie et de s’occuper avec elle des enfants.
En auteur de théâtre soucieuse de l’intensité de sa pièce, Joëlle Fossier a tout resserré en une nuit : l’aveu de Zola, sa mort, l’héroïsme d’Alexandrine. Dans la réalité, Alexandrine apprit plus tôt la liaison de son mari et s’intéressa aux enfants avant la mort de Zola. Mais, ainsi resserrée, la situation est belle. Joëlle Fossier l’a mise en scène dans un climat clair-obscur où les silences comptent autant que les paroles. Michel Paspeschini dessine un Zola toujours grave, traversé d’émotions contradictoires, fraternel et noble. Céline Montsarrat donne au rôle de l’épouse toute sa dignité sensible. Dans ce genre de reconstitution, il y a nécessairement quelque chose d’incertain ou de discutable. Mais cette rencontre écrite avec admiration et sans solennité est probante et ses interprètes convaincants.
Les Zola de Joëlle Fossier, mise en scène de l’auteur, avec Céline Montsarrat et Michel Papeschini, décor de François Crépin, lumière de Xavier Lazarini, théâtre de la Huchette, 21 h, tél. : 01 43 2638 99 (1 h 15).
crédits photo : Laurencine Lot