Le Roi Arthur selon Jean-Philippe Bêche

L’auteur-comédien réinvente le cycle médiéval

Le Roi Arthur selon Jean-Philippe Bêche

On connaissait Jean-Philippe Bêche comme comédien et metteur en scène. Moins comme auteur, bien qu’il ait fait jouer en 2016, à la Luna, pendant le festival d’Avignon, sa pièce Tony et Marilyn (autour de Tony Curtis et Marilyn Monroe). Le voilà dans un défi encore plus important, Le Roi Arthur, dont il est à la fois l’auteur, l’acteur principal, le metteur en scène et l’un des producteurs. Le théâtre de l’Epée de bois, que dirige à la Cartoucherie Antonio Diaz-Florian, accueille cette création qui vise à réinventer la représentation du grand mythe médiéval.
Vous êtes un acteur devenu auteur. Il s’agit bien de votre deuxième pièce ?
Jean-Philippe Bêche : Oui et non, car je nourris ce projet du Roi Arthur depuis des années. En fait, j’ai lu la première version de ce texte au château de Compère, il y a quatre ans. Laurence Lustyk, qui a fait la distribution du spectacle, m’a beaucoup encouragé et aidé. Avec l’aide de quelques institutions, le Centre de l’imaginaire arthurien en Brocéliande installé à l’intérieur du château de Comper, la Société des écrivains, avec beaucoup d’amis, avec la participation à la production de Nouvelle Scène, le projet a pu se monter. L’ADAMI nous aide aussi : nous sommes onze comédiens sur scène, avec un musicien, Aidje Tafial.
Il existe déjà des pièces autour du mythe du roi Arthur : le cycle de Florence Delay et Jacques Roubaud, Les Chevaliers de la Table Ronde de Cocteau
Oui, j’ai lu beaucoup de choses, souvent dans la bibliothèque arthurienne de Comper. J’ai même découvert un texte de Boris Vian, Le Chevalier, qui lui avait été commandé par la région de Normandie mais ne porte pas son style habituel. C’est parce que ce que j’ai lu, comme pièces de théâtre, ne me convenait pas que j’ai pris le parti d’écrire moi-même. Et il m’a fallu des années !
Comment définir votre Roi Arthur à vous ? Vous vous référez quand même à beaucoup de textes publiés.
J’ai en effet énormément lu. Les textes de Chrétien de Troyes, bien sûr. Mais le récit des Chevaliers de la Table Ronde ont été écrits et réécrits. Les Chrétiens les ont beaucoup récupérés. Car, ils paraissent à une époque charnière : on est entre les dieux païens qui disparaissent et le dieu chrétien qui s’impose. Ce basculement est très beau. Mon objectif est de revenir à l’origine du mythe, d’être là au moment où le monde est en train de basculer. J’ai beaucoup aimé les livres de Jean Markale. L’Enchanteur de René Barjavel est ce qu’il y a de plus beau sur Merlin, présenté comme humain et divin à la fois. Parmi les films, le plus abouti, c’est Excalibur de John Boorman. Nous l’avons tous regardé !
Ce qui m’a intéressé, ce sont les rapports humains. Rien n’est simple. Même les méchants ont les raisons d’être méchants. J’ai privilégié les relations entre Arthur, Lancelot, Guenièvre. Arthur est l’homme qui va diriger la Bretagne. Il confie sa femme, Guenièvre,à Lancelot, sans imaginer ce qui va arriver. C’est une tragédie. Arthur et toute une série de personnages vont se battre à l’intérieur d’un monde orchestré par Merlin.
D’où vous vient votre intérêt pour ce mythe ?
Depuis que je suis enfant, je suis fasciné par les chevaliers, l’esprit de chevalerie, le code de l’honneur, l’amour courtois, ce sens d’une cause qui passe avant sa propre vie. J’écris quand je visualise les personnages et quand le dialogue vient. Mon objectif est d’écrire dans une certaine beauté, une certaine musicalité. Après, quand n répète et quand on joue, c’est différent. C’est tripal.
Vous jouez le roi Arthur et vous dirigez le spectacle. C’est beaucoup !
Oui, jouer, pour nous tous, doit être fait de façon athlétique, organique, rythmique. J’arrive avec un cerveau coupé en deux ! Mais la chance est là, d’être dans ce très beau théâtre de l’Epée de bois, grâce à Diaz-Florian. C’est un texte guerrier, mais monté dans un registre épique, dans un rythme de tambour de guerre, avec des respirations... La mise en scène repose sur l’imaginaire. On est loin des effets spéciaux. Pas de décor. Juste la pierre du théâtre.
Beaucoup d’amis et d’artistes sont venus apporter leur soutien à votre création et à votre production.
Oui, je pense à Daniel Scotto pour la musique, à Catherine Corne Achdjian pour les costumes, à François Rostain qui a réglé les combats, à beaucoup d’autres. Les lumières d’Hugo Oudin seront très importantes, puisque le théâtre est utilisé dans sa nudité. Il s’agit d’être dans un monde qui a quelque chose de sublime.

Le Roi Arthur, texte et mise en scène Jean-Philippe Bêche
Musique Daniel Scotto ( Mastering DavidHachour/ColourSoundStudioParis, production musicale De La Nature) Distribution Laurence Lustyk

Maître d’Armes François Rostain

Assistanat à la mise en scène Catherine Azzola
Lumière Hugo Oudin
 Costumes Catherine Gorne Achdjian
Maquillages et perruques Caroline Vlieghe Vidéo Lucas Renaudot
Avec Antoine Bobbera, Lucas Gonzalez, Jean-Philippe Bêche, Jerôme Keen, Erwan Zamor, Marianne Giraud-Martinez, Marie-Hélène Viau,
 Franck Monsigny, Morgane Cabot, Fabian Wolfrom
Et Aidje Tafial aux percussions

Théâtre de l’Epée de bois, cartoucherie de Vincennes, du jeudi au samedi à 20h30, samedi et dimanche à 16h tél. : tél : 01 48 08 39, 74, billetterie@epeedebois.com, Jusqu’au 14 octobre. Texte à la Société des écrivains.

Photo Cédric Vanier : Jean-Philippe Bêche et Marie-Hélène Viau.

A propos de l'auteur
Gilles Costaz
Gilles Costaz

Journaliste et auteur de théâtre, longtemps président du Syndicat de la critique, il a collaboré à de nombreux journaux, des « Echos » à « Paris-Match ». Il participe à l’émission de Jérôme Garcin « Le Masque et la Plume » sur France-Inter depuis un quart...

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1 Message

  • Le Roi Arthur selon Jean-Philippe Bêche 12 septembre 2018 23:07, par Daniel Scotto

    Bonsoir,

    Je suis très étonné de voir que mon nom figure encore dans la liste des participants à la création du spectacle le Roi Arthur.

    Je ne sais pas quand Mr Beche vous a accordé cet interview, mais en tant que producteur de la musique originale de ce projet, sachez que Mr Beche a écarté lestement celle-ci, un investissement de 14 mois de production et d’enregistrements et un financement conséquent avec avance financière qui passe en pertes et profits.

    Tous les choix artistiques sont respectables, ce qui l’est moins c’est tourner le dos à un producteur de musique qui lui, a respecté le cahier des charges établi par Mr Beche, lequel n’a pas tenu ses engagements.

    Voici en lien la musique originale que vous n’entendrez pas dans cette pièce

    Bien à vous
    Daniel Scotto
    Producteur
    Sociétaire Définitif de la SACEM

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