La tentation d’Eve, de Marie-Claude Pietragalla
Clichés et compagnie
Marie-Claude Pietragalla est à l’affiche du Palace à Paris puis en tournée dans toute la France. Chorégraphe et interprète, elle présente un solo sur le thème de la femme. Un spectacle décevant, sans originalité ni émotion.
Que deviennent les étoiles qui ont fait les grandes heures de l’Opéra de Paris ? A 47 ans passés, Marie-Claude Pietragalla s’essaie, comme [Sylvie Guillem dans Eonnagata], à de nouvelles aventures artistiques. Après de grandes productions, comme le décevant Marco Polo en 2008, Pietragalla retrouve la scène mais en solo cette fois. Un rendez-vous intime avec le public, annoncé à grand renfort de communication et accompagné d’un « merchandising » digne des grandes stars du rock. Pour les fans insatiables, le dvd du solo est même en vente à la fin de chaque représentation.
Comme l’indique son titre, La Tentation d’Eve est un spectacle autour de la femme. Il apparaît vite comme un catalogue, lourdement illustré, des clichés de l’éternel féminin à travers l’histoire. Dès le lever du rideau, le ton est donné : la danseuse apparaît dans un justaucorps couleur chair et pousse sur le plateau enfumé une lourde pomme rouge. Au gré des costumes, elle sera tour à tour religieuse, Jeanne d’Arc à l’armure de plastique, courtisane engoncée dans sa robe à panier, femme modèle d’un foyer des années 1950, femme d’affaire névrosée du XXIe siècle, etc. La femme artiste est là aussi avec playback presque pathétique sur Ma plus belle histoire d’amour de Barbara.
La démarche de Pietragalla parlant des femmes, d’elle-même et des autres, d’ici et d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui, pourrait être touchante. Malheureusement, l’ancienne étoile s’empêtre dans une succession de clichés. Ses prises de risque sont louables mais en réalité peu convaincantes. Plus que jamais amoureuse des mots, elle convoque en fond sonore ceux d’Andrée Chedid, de Marceline Desbordes-Valmore ou encore Marianne Favreau. Elle s’essaie aussi à d’autres disciplines artistiques que la sienne. Si elle séduit en marionnettiste, elle se révèle une piètre comédienne, surjouant sans cesse et abusant de mimiques grotesques. Sans craindre de surprendre son public, elle dévoile un humour loufoque et outrancier qui ne brille pas vraiment par sa finesse. Quant à la danse, elle est la grande oubliée de cette Tentation d’Eve. Quelques levers de jambes et gesticulations de bras composent une chorégraphie somme toute assez pauvre. L’ensemble de ce patchwork artistique laisse le spectateur de marbre, à mille lieux des émotions qu’auraient pu susciter les richesses d’un tel sujet.
Jusqu’au 12 février, puis du 1er au 12 mars au Palace à Paris.
Renseignements : 0892 68 3622.
En tournée : Le 19 mars à Joué les Tours (espace André Malraux, renseignements : 0247536161), le 22 mars à Lille (théâtre Sébastopol), le 26 mars à Chateaubriand (le théâtre de verre), le 28 mars à Nantes (Cité des congrès), le 15 avril à Castres, le 19 avril au Mans (palais des congrès), le 20 avril à Angers (centre des congrès), le 10 mai à Toulouse (Casino), le 12 mai à Béziers (Zinga zanga), le 14 et 15 mai à Lyon (Amphithéâtre), le 21 mai à Nice (Acropolis).
Renseignements sur le site www.pietragallacompagnie.com