Icirori de Consolate Sipérius

Adoption contestable

Icirori de Consolate Sipérius

Lorsque le génocide au Burundi éclate, une fillette de 4 ans assiste au massacre des siens. Cachée puis sauvée, elle se retrouve adoptée par une famille mouscronnoise via un trafic d’enfants plus ou moins toléré par la Belgique.

Icirori, en une des langues pratiquées au Burundi, signifie : regarder dans son miroir intérieur, regarder son histoire en face pour pouvoir avancer. Cette production est proposée en soirée et en matinées scolaires comme la programmation théâtrale habituelle. Est-ce du théâtre ?

N’est-ce pas plutôt une réflexion autobiographique cathartique ? ou une conférence destinée à conscientiser au trafic d’enfants ? ou un pamphlet dénonciateur résolument engagé contre le racisme ? ou un documentaire complétant ce qui a déjà été dit et écrit sur cette épouvantable tragédie contemporaine ? ou encore un objet spectaculaire en 3D associant voix, corps, images, bribes de texte devant des spectateurs rassemblés en quadrifrontalité entre deux écrans ? voire un processus pour amener un public à s’associer par surprise à une revendication légitime ?

Cette hybridité suscite un malaise qui est étranger à la densité émotionnelle de la tragédie vécue par Consolate Sipérius. Cette ambigüité provoque au contraire une sorte de distanciation peu propice à une totale empathie. Sans doute ont-ils raison, les programmateurs qui qualifient cette réalisation de « performance ». Cette catégorie de prestation, depuis bien des décennies maintenant, a souvent été pour des artistes (souvent plasticiens) une sorte de fourre-tout où se côtoyaient sincérité et ostentation, un éphémère dont il ne subsiste souvent que vidéos ou photos.

Bien sûr, le vécu, courageusement assumé par la comédienne mérite notre plus profonde compassion. Malgré, à la fin, une impression désagréable d’être quasi pris en otage lorsqu’elle incite le public à lire à haute voix le texte avec lequel elle réclame réparation à l’état belge jugé responsable de ce qui s’est passé à travers une procédure d’adoption dépourvue d’humanité.

Durée : 50’

Conception, écriture, dessins, jeu : Consolate - Dramaturgie, regard extérieur : Lara Ceulemans - Vidéo-documentaire : Gaspard Audouin - Création sonore : Gaspard Dadelsen - Scénographie, costumes accessoires, photo : Micha Morasse - Création Lumière / Régie vidéo / Régie générale / Surtitrages : Collective la CLaM (Charlotte Persoons, Lou Van Egmond, Margaux Fontaine) - Pédagogie – Recherche liées au Burundi : Annabelle Giudice - Corps et regard extérieur : Sophie Guisset - Production : Capitoline et Joseph - Production déléguée : Latitudes Prod. – Lille - Production exécutive : Les Charges du Rhinoceros - Co-production : Théâtre National Wallonie Bruxelles, maison de la culture (Tournai), Théâtre (Liège), Latitudes Contemporaines (Lille) - Partenaire en diffusion : MARS, Mons – Soutien : Office national de Diffusion artistique français.

En tournée :
31.01.2024 Maison de la Culture Tournai (Be)
25-26.03.2024 Le Manège Mons (Be)

A propos de l'auteur
Michel Voiturier
Michel Voiturier

Converti au théâtre à l’âge de 10 ans en découvrant des marionnettes patoisantes. Journaliste chroniqueur culturel (théâtre – expos – livres) au quotidien « Le Courrier de l’Escaut » (1967-2011). Critique sur le site « Rue du Théâtre » (2006-2021)....

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