Peer Gynt au Théâtre du Châtelet jusqu’au 16 mars
Ibsen et Grieg enfin réunis
Une belle initiative à mettre au crédit de ce théâtre musical de Paris qu’est le Châtelet. C’est ainsi que Peer Gynt, la pièce théâtrale du dramaturge Henrik Ibsen et sa musique de scène signée Edvard Grieg sont associées.
- Publié par
- 10 mars
- Critiques
- Opéra & Classique
- 0
-

UNE ASSOCIATION POUR UNE FOIS, serait-on tenté de dire. Puisqu’après la création de l’ensemble en Norvège la patrie de nos deux auteurs, il y a cent cinquante ans, la pièce avait fait une belle carrière au théâtre, et la suite que Grieg avait tiré de sa musique au concert, l’une et l’autre séparément.
Olivier Py (par ailleurs directeur du théâtre) est le responsable de cette production, aussi bien pour la mise en scène que pour sa tradaptation (néologisme de Py pour qualifier la traduction et l’adaptation), et surtout pour son idée. Judicieuse idée, qui nécessite une traduction en français du texte (originellement en norvégien, et ici à partir de sa version anglaise) et son adaptation avec quelques coupures (dont Ibsen avait fait la suggestion à Grieg) dans un esprit à la fois théâtral et musical. La représentation n’en dure cependant pas moins trois heures trente, à la manière d’un grand opéra chanté-parlé.
Une action échevelée
Pour faire défiler cette histoire d’un personnage à la fois rêveur et menteur qui le mène d’errances en forêt à des fastes africains entre diverses amours, Py n’hésite pas à imaginer une animation scénique débordante. Dans une agitation constante, frisant l’hystérie, s’illustrent bien les péripéties de cette action échevelée sur un plateau nu traversé de hautes maisonnettes en bois façon scandinave, dans des costumes affriolants comme les images projetées, au devant d’un orchestre caché en arrière-plan (décors et costumes de Pierre-André Weitz). À cet égard, le comédien Bertrand de Roffignac, dans le rôle-titre de Peer Gynt, se démène à qui mieux-mieux, pour une magnifique prestation qui tient de l’exploit. Mais tous les intervenants sont pareillement à leur office dans cette distribution pléthorique d’une quinzaine rôles (y compris même Olivier Py pour un petit personnage).
La musique n’est pas en reste, servie de quelques chants bien portés par Damien Bigourdan, Marc Labonnette, Sévag Tachdjian, Clémentine Bourgoin, Lucie Peyramaure, Raquel Camarinha, mais aussi en petits ensembles de comédiens réunis, toutefois aidés de pointilleux micros. Alors que l’Orchestre de chambre de Paris la file douce et nimbée, sous la baguette précise de la cheffe estonienne Anu Tali. Théâtre et musique combinés, pour un spectacle enlevé.
Illustration : Peer (Bertrand de Roffignac) et les trolls. Photo Thomas Amouroux (dr)
Peer Gynt, pièce d’Henrik Ibsen et musique de scène d’Edvard Grieg. Avec Bertrand de Roffignac (comédien, Peer Gynt) ; Damien Bigourdan, Marc Labonnette, Sévag Tachdjian, Clémentine Bourgoin, Lucie Peyramaure, Raquel Camarinha (chant et comédie). Pierre-André Weitz (décors et costumes), Olivier Py (mise en scène et adaptation), Orchestre de chambre de Paris, dir. Anu Tali. Paris, Théâtre du Châtelet, 8 mars 2025.



