Excelsior, ballet de Luigi Manzotti

La rentrée à Chaillot : ouverture italienne

Excelsior, ballet de Luigi Manzotti

Chaillot à Paris, Théâtre national de la danse, a repris ses activités publiques à la mi-octobre et ouvert sa saison 2020-2021 sous le signe de l’Italie. Dans la Salle Jean Vilar et la Salle Firmin Gémier tout est mis en œuvre pour que le spectateur se sente dans un maximum de sécurité sanitaire.
Une compagnie d’Emilie-Romagne, Aterballetto est revenue avec une relecture de la figure de « Don Juan », dans une chorégraphie du Suédois Johan Inger, à l’heure de #metoo.
L’événement attendu était cependant « Excelsior » signé par le chorégraphe italien Salvo Lombardo pour sa compagnie romaine Chiasma. Tout familier du répertoire dansé du XIX siècle connaît « Excelsior », cette action chorégraphique, historique, allégorique et fantastique, qui fut sans doute le plus grand succès de la danse italienne de cette époque. Le spectacle fut créé en 1881 à la Scala de Milan, dans une chorégraphie de Luigi Manzotti, sur une musique efficace de Romualdo Marenco .
Au long de onze tableaux, étaient illustrées les découvertes scientifiques et les avancées technologiques, autant de témoignages du génie humain et d’un développement de la civilisation occidentale. Pour exemples : la machine à vapeur, l’électricité, le canal de Suez, le tunnel du Mont-Cenis ... En apothéose finale, les peuples étaient réunis dans une fraternité universelle.
Vingt ans avant la création de cette œuvre, l’Italie avait été unifiée et « elle s’organisait pour conquérir sa place au soleil avec ses exploits coloniaux en Afrique de l’Est révélant ainsi ses désirs virils d’« hégémonie », explique Salvo Lombardo : « Excelsior » est « un monument » nationaliste d’où mon désir de le déstructurer, faute de pouvoir l’abattre », estime le chorégraphe italien qui ajoute qu’il n’a pas conçu son « Excelsior » comme une remise en scène du « Gran Ballo », mais plutôt comme sa réinterprétation radicale ».
Cette réinterprétation est à ce point radical que, hormis le début du spectacle où l’on voit des images évoquant les pratiques de la société de l’époque de la création d’ « Excelsior » et où l’on entend en voix off un texte du chorégraphe s’interrogeant, notamment, sur l’héritage colonial, on n ‘établit plus guère de lien entre ce qui est dansé et le message que le chorégraphe veut nous dire à partir de son interprétation du ballet de Luigi Manzotti.
Qui n’a pas vu au moins une fois « Excelsior » dans la chorégraphie d’origine n’a pas vraiment la possibilité d’apprécier la démarche de Salvo Lombardo. Mais celui qui connaît une production du « Gran Ballo » n’est souvent pas plus avancé.
Reste l’interprétation des danseurs(une quinzaine) qui se donnent totalement et qu’on applaudit, mais en se demandant quel sens donner à leurs gestes.
Enfin la musique Fabrizio Alviti, sans beaucoup d’originalité, les costumes passe-partout ne peuvent apporter de contribution essentielle à la version de Salvo Lombardo.
(Photo : Fabbrica Europa Archive Salvo Lombardo Excelsior)

Prochains rendez-vous à Chaillot : 14emes Rencontres nationales de danse en amateur et répertoire le 24 octobre à15H30 et le 25 octobre 2020 à 11h30. Par ailleurs la direction travaille à adapter les horaires des spectacles suivants en fonction des impératifs du couvre-feu.

A propos de l'auteur
Yves Bourgade
Yves Bourgade

Journaliste, critique free-lance Yves Bourgade a occupé plusieurs postes au sein de l’AFP où il fut responsable des rubriques théâtre, musique et danse de 1980 à 2007. Comme critique musique a collaboré notamment à la « Tribune de Genève » (1971-1988)...

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