Rupture à domicile de Tristan Petitgirard
Agence anti-matrimoniale
Il y a du vrai dans cette situation qui paraît purement imaginaire : une agence « Rupture à domicile » supplée à la lâcheté des maris ou petits amis incapables de dire directement à leur partenaire qu’ils s’en vont. Contre rétribution, l’agence se charge d’aller elle-même informer les délaissées. Ce type d’entreprise existe aux Etats-Unis. Tristan Petitgirard s’en est inspiré mais a construit une comédie à la française. Le responsable d’une agence anti-matrimoniale frappe un soir à la porte d’une inconnue pour lui annoncer la défection définitive de son amant. Stupeur. Ils se connaissent. Ils ont été amants, jusqu’à ce qu’elle s’en aille il y a quelques années. Le visiteur n’ose lui dire qu’il est venu professionnellement la prévenir de son abandon. Il joue l’ami qui pourrait revenir, est là pour discuter d’un réchauffement de leur passion rompue. Manque de chance : l’ami de cœur qui lui a succédé et a décidé d’en finir avec cette liaison revient. Il regrette sa décision et veut empêcher l’émissaire d’annoncer la sinistre nouvelle. Se trouvent donc face à face une jeune femme entourée de deux hommes qui semblent vouloir la conquérir ou garder son amour, et deux hommes empêtrés dans leurs mensonges et des relations embrouillées. Tout peut arriver. Un couple peut se reformer. Lequel ?
Tristan Petitgirard prouve qu’il est un auteur habile et un bon connaisseur de l’être humain, puisqu’il ne se prend pas les pieds dans le jeu compliqué qu’il a mis en place et qui serait facilement artificiel s’il n’y avait de vrais personnages crédibles et touchants. Les répliques sont à la fois spirituelles et émouvantes. Petitgirard a mis lui-même en scène son texte comme un écheveau tendu et plaisant. Olivier Sitruk joue le créateur de l’agence avec superbe et malice. Hélène Seuzaret incarne la jeune femme avec une grâce nourrie de sensibilité. Benoît Solès échappe aux canons habituels et affirme une personnalité singulière. Alors que tant de comédies nouvelles ne parviennent pas à dépasser le stade du sketch allongé, il y a là une véritable pièce, brillamment défendue par ses interprètes.
Rupture à domicile de Tristan Petitgirard, mise en scène de l’auteur, décor d’Olivier Prost, lumières de Denis Schlepp, costumes de Mélisande de Serres, avec Olivier Sitruk, Hélène Seuzaret, Benoît Solès.
Comédie-Bastille, tél. : 01 48 07 52 07, 21h. (Durée : 1 h 20).
Photo Fabienne Rappeneau.