Punch Life - Poule & Lézard

Le harcèlement scolaire vu de l’intérieur

Punch Life - Poule & Lézard

Nombre d’établissements scolaires sont gangrénés par les sournois tentacules du harcèlement d’étudiants par d’autres étudiants. Le problème est complexe et touche aussi bien les institutions que les familles.

Punch life : Harceler c’est morceler

Le suicide apparemment imprévisible d’une ado idole des autres bouleverse la communauté étudiante. Celle qui avait tout, ne manquait de rien, disparait soudain et laisse pantois copines, enseignants, famille. Alors, pour aller au-delà des apparences, une compagne de classe enquête.

Le décès de Margot, adulée par la bande des « Hyènes », révèle peu à peu le fonctionnement de clans qui méprisent ceux qui ne correspondent pas à leurs critères. Le harcèlement est une de leurs armes pour dévaloriser, exclure, déstabiliser. Se révèlent aussi dès lors les préjugés sociaux qui mènent au rejet des ‘prolos’ par les ‘bourges’ et vice-versa.

Justine fut copine de Margot dans les petites classes. Maintenant, elle ne la fréquente plus et subit les avanies d’un groupe qui la méprise. Usant d’un prétexte, elle parvient à visiter la chambre de la défunte, y découvre et emprunte ses carnets intimes. À leur lecture, elle comprend à quel point les apparences régissaient l’existence de Margot. Tout ou presque était faux, même le couple qu’elle semblait former avec le plus séduisant des condisciples.

Voici venu le moment pour Justine de prendre revanche sur les vexations qu’elle a endurées. Par bribes, sous l’alibi qu’elle a reçu les confidences de celle qui n’est plus, elle divulgue des secrets jusqu’alors bien gardés. À son tour, elle devient de plus en plus populaire, au point de recevoir des avances du clan rival des « Lionnes », issu de milieux plus défavorisés.

L’adaptation du roman « Le mur des apparences » met à jour un questionnement à propos des pressions exercées sur des individus, de leur esseulement et leur vulnérabilité face aux mensonges et aux préjugés de classes. Elle laisse transparaître les atermoiements des adultes. Elle met en exergue le parcours d’une jeune qui prend conscience de son émancipation et perçoit que finalement c’est en s’ouvrant vers autrui qu’on a la possibilité de trouver sa place.

Le choix du metteur en scène est de parier sur un mélange de genres. Il mêle danse, chansons, slam, rap et théâtre dans un tempo effréné. Il prend le risque dramatique de faire jouer Justine par les trois comédiennes montrant de la sorte que ce pourrait être n’importe qui. Et le fait qu’elles endossent par ailleurs d’autres rôles lui permet de jouer avec des codes scéniques tels que costumes, attitudes, diction amenant le spectateur à se distancier d’émotions trop instinctives.

Rencontres du Théâtre Jeune Public Huy 2023
Gym Ipes 20 août 2023 20h30 21 11h30
Durée : 60’
Dès 13 ans

Mise en scène : Baptiste Isaia
Jeu : Marie-Camille Blanchy, Olivia Harkay, Alice Laruelle
Composition musicale : Philippe Lecrenier
Conseil à la dramaturgie : Mathias Simons
Scénographie : Marie Menzaghi
Assistanat scénographie :David Coste
Costumes Marie-Hélène Balau
Création lumières : Julien Legros
Création vijing, régie lumières : Gauthier Bilas
Création sonore : Michov Gillet
Production, diffusion : Aline Dethise
Remerciement : Gabrielle Guy
Production : Ateliers de la Colline
Coproduction : Pierre de Lune (Bruxelles), Province de Liège, Théâtre de Liège.
Aide : Ékla, Centres culturels (Chênée, Soumagne), Cité Miroir (Liège), Théâtre de Namur
Soutien : Service des Arts de la Scène de la Province du Hainaut, La Fabrique de Théâtre
Photo (c) Gilles Desthexe - Province de Liège
Lire : Gwaldys Constant, « Le mur des apparences », Arles , Rouerge, 2018, 160p.
Compléter : Alex Lorette, « Mouton noir », Carnières, Lansman, 2016, col. Théâtre à Vif, 82 p. (12€)
( https://webtheatre.fr/Mouton-noir-d-Axel-Lorette )

Poule & Lézard, le poids clandestin des clans

Il doit changer d’école suit au déménagement de sa famille. Il en a une certaine habitude. Il sait qu’être le ‘nouveau’ dans un établissement scolaire et dans une classe suscite toujours des réactions. Mais il espère bien s’intégrer.

D’abord il est considéré comme une bête curieuse à laquelle on attribue le surnom de « Poule ». Il reçoit un jour un billet anonyme qui lui donne un rendez-vous nocturne dans un endroit reculé de l’école baptisé « le terrier ». Là, il retrouve une fille, baptisée, elle, « Lézard ».

Ils font un peu connaissance. D’autres rendez-vous se succèdent. Elle se prétend amoureuse de lui. Le temps passe. Le couple clandestin poursuit sa relation ; le spectateur en écoute les dialogues. Au sein de l’école, les autres élèves semblent examiner l’intrus de manière plutôt étrange. Il n’arrive pas vraiment à s’intégrer, il se sent de plus en plus ciblé.

Vient alors l’inattendu : l’étudiant doit suivre ses parents, une fois de plus. C’est le départ. Ce sont les adieux. Et comme cette histoire est construite à la façon d’un thriller, c’est le moment choisi pour que se révèle en quoi le harcèlement en fait partie. Les indices semés auparavant sont ténus. Il faut être très attentif aux phrases échangées pour être sur une bonne piste. Et sans doute le débat qui suivra la représentation amènera à la compréhension que lorsqu’on désire intégrer un groupe, il y aura toujours un prix à payer.

La mise en scène est dépouillée. Une chaise côté jardin ; une autre côté cour. Entre les deux un espace rectangulaire dessiné au sol indique le lieu des rendez-vous. La pénombre est de rigueur. Cette distanciation vis-à-vis du réalisme indique bien qu’il s’agit de théâtre et que l’attention est à porter sur les interprètes, Mehdy Khachachi et Alix de Beaufort (co-autrice du texte avec le metteur en scène Thomas Carlier), qui jouent avec autant de sobriété que de conviction.

Rencontres du Théâtre Jeune Public Huy 2023
Hall 1 20 août 2023 11h30 16h
Durée : 45’
De 11 à 14 ans

Écriture : Alix de Beaufort, Thomas Carlier
Jeu : Alix de Beaufort, Mehdy Khachachi
Mise en scène : Thomas Carlier
Création lumières, régie : Inès Degives
Musiques : 65daysofstati
Production : Cie Intempéries
Soutien : Centre des Écritures Dramatiques (CED-WB), Montagne Magique, Delta (Namur), Centres culturels (Namur, Marchin, Anderlecht (Escale du Nord), Théâtre Mercelis, Commune d’Ixelles, Réseau Prévention Harcèlement (RPH)

Lire  : Olivier Sylvestre, « La loi de la gravité », Montréal, Septentrion, 2019, 114 p.
Axel Cornil, « Jean Jean », Carnières, Lansman,2016, 44p. (10€)

A propos de l'auteur
Michel Voiturier
Michel Voiturier

Converti au théâtre à l’âge de 10 ans en découvrant des marionnettes patoisantes. Journaliste chroniqueur culturel (théâtre – expos – livres) au quotidien « Le Courrier de l’Escaut » (1967-2011). Critique sur le site « Rue du Théâtre » (2006-2021)....

Voir la fiche complète de l'auteur

Laisser un message

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

S'inscrire à notre lettre d'information
Commentaires récents
Articles récents
Facebook