Paris, Comédie-Française jusqu’au 19 juin en alternance

Mystère bouffe et fabulages de Dario Fo

Un théâtre populaire et politique

Mystère bouffe et fabulages de Dario Fo

Dario Fo l’insolent fait son entrée, de son vivant, à la Comédie-Française ; un bel hommage à cet artiste irrévérencieux qui, pour être sûr d’être entendu par le plus grand nombre, choisit le rire pour dire des choses graves. On avait en son temps, beaucoup ri aux déboires de l’excellent Jean-Jacques Moreau dansMort accidentelle d’un anarchiste et récemment avec les aventures des ménagères en colère de Faut pas payer mis en scène par Jacques Nichet. Les comédies de Dario Fo (prix Nobel de littérature en 1997) et de sa compagne Franca Rame usent du burlesque pour dénoncer les vices de la société, même quand ils empruntent les voies apparemment détournées des mystères du Moyen Âge qui mettaient en scène des fêtes religieuses. A la création en 1968, Dario Fo, qui s’est inspiré de textes italiens du Moyen Âge, était seul en scène pour cette jonglerie populaire sur le mode de la commedia dell’arte où le conteur s’autorise improvisations et lazzi. Finalement les textes ont été fixés et édités, et Muriel Mayette les a mis en scène en une série de « one man show » sur fond de tableau christique baroque très kitch interprété par de jeunes élèves. En introduction à ces variations autour de la Passion du Christ, l’extraordinaire Catherine Hiégel donne la clé des mystères et à la fin du spectacle, Hervé Pierre, le prince de la jonglerie, révélera les clés de son personnage dans un récit très émouvant. Les acteurs vêtus de costumes noirs neutres se prêtent avec talent à l’exercice difficile du solo. Christian Heck, en hilarant gardien de cimetière, raconte, bruitages compris, la résurrection de Lazare, célèbre attraction touristique qui culmine avec le concours de lévitation. Muriel Mayette a inséré en contrepoint de joyeux fabulages, contes païens très rabelaisiens. Véronique Vella nous conduit dans l’intimité d’une jeune fille pour une évocation chuchotée, amoureuse coquine et moqueuse ; Stéphane Varupenne explique pourquoi les cochons ont perdu leurs ailes. On admire le talent et le travail des comédiens qui s’essayent pour la première fois à cet exercice avec brio, mais le spectacle paraît longuet et la mise en scène n’est pas au diapason de la vitalité comique et insolente des textes.

Mystère Bouffe et fabulages de Dario Fo, traduction Ginette Herry, Claude Perrus, Agnès Gauthier, Valeria Tasca, mise en scène Muriel Mayette. Avec Christian Blanc, Christian Hecq, Véronique Vella, Alexandre Pavloff, Hervé Pierre, Catherine Hiegel, Stéphane Varupenne, et Yves Gasc. A la Comédie-Française, du mardi au samedi à 20h30, matinée dimanche à 14h, jusqu’au au 19 juin 2010. Durée : 2h00.
www.comediefrancaise.fr 0 825 10 16

© Brigitte Enguérand

A propos de l'auteur
Corinne Denailles
Corinne Denailles

Professeur de lettres ; a travaille dans le secteur de l’édition pédagogique dans le cadre de l’Education nationale. A collaboré comme critique théâtrale à divers journaux (Politis, Passage, Journal du théâtre, Zurban) et revue (Du théâtre,...

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