Margaux Simone, une ”Nana” dans l’air du temps
Découvrez ce jeune talent Pop/Folk
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- 17 mars 2011
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Margaux Simone est l’une des dernières recrues de My Major Company. Grâce à ses 900 producteurs, la jeune femme a atteint les 70 000 euros en cinq mois. De nature engagée, elle n’hésite pas à aborder des sujets tabous. Son premier single ”Nana” issu de l’album du même nom en est la preuve. Cette écriture, soulignée par des sonorités délicieusement rétro, a su trouver sa place dans les bacs en novembre 2010.
- Webthea : Peux-tu nous parler de tes premiers pas dans la musique ?
Margaux Simone : A l’âge de six ans, j’ai commencé à apprendre l’alto en conservatoire, et ce pendant 8 ans. Puis, vers 12 ans, j’ai débuté à la guitare et je chantonnais des petites chansons qui ne valaient pas grand chose. Mes compositions sont devenues plus sérieuses au cours de mon adolescence. C’est à cette époque que j’ai enregistré mes premières maquettes dans le studio de mon père musicien. C’est grâce à lui que j’ai pu grandir dans le milieu de la musique.
- Tu as grandi entourée de professionnels dans le studio de ton père. Peux-tu nous en parler ?
J’ai été sensibilisée très tôt à la musique. Il y a beaucoup d’enfants qui rêvent de devenir chanteurs sans réaliser les difficultés du métier. De mon côté, j’ai toujours été confrontée à l’envers du décor en assistant aux séances d’enregistrement. Le jour où je suis entrée en studio pour mon album je savais à quoi m’attendre, je ne risquais pas d’être désillusionnée.
- Comment s’est passé l’enregistrement de ton album ? Que retiens-tu de cette première expérience ?
C’était une expérience formidable d’être entourée de professionnels pour réaliser mon album. C’était enfin à mon tour de passer derrière le micro. J’ai mis du temps à faire cet album car je n’avais pas composé toutes les chansons. On peut dire que ça m’a appris la patience.
- Chacune de tes chansons a des sonorités, des arrangements particuliers. D’où vient cette variété ?
Nous avons passé un an à enregistrer l’album et nos envies ont évoluées au fur et à mesure. Je me souviens qu’au début nous voulions des musiques aux sonorités très hindoues. Nous avons donc ajouté plusieurs instruments exotiques comme la cithare ou le mellotron. Et au fil du temps nous avons progressé vers d’autres choses. L’accordéon dans la chanson ”Bleu” lui donne un air slave, et les violons dans ”Les conneries” rappellent le Japon. Chaque chanson raconte son voyage.
- Comment es-tu parvenue à marier un style vintage des années 70 à un autre plus moderne, plus pop française ?
J’ai une écriture assez moderne, les mots que j’emploie ne l’étaient pas il y a 30 ou 40 ans et les sujets que j’aborde sont contemporains. Par contre, ma musique est inspirée des années 70. Malgré tout, c’est un album qui reste dans l’air du temps.
- Selon toi, quel est l’avantage de la langue française dans un style folk ?
J’écris en français car c’est ma langue maternelle et cela me permet de faire des jeux de mots ou de créer des images avec aisance. Je ne prétends pas être un grand auteur mais si j’avais voulu faire ça en anglais, le résultat aurait été médiocre. Le français est une belle langue, j’adore les artistes comme Jean Ferra, Noir Désir, Alain Bashung. Je trouve ça dommage qu’il n’y ait pas plus d’artistes qui contribuent à la culture musicale française. Beaucoup de gens ne citent que Noir Désir parmi les groupes de rock français mais il en existe une multitude. Simplement, aujourd’hui, la plupart des groupes rock choisissent de chanter en anglais.
- Tu n’as que 20 ans et tu abordes des sujets assez graves. Qu’est-ce qui te pousse à t’exprimer sur ces thèmes ?
La chanson ”Nana” a une histoire particulière. Je lisais des articles dans la presse féminine qui traitaient des violences faites aux femmes aux quatre coins du monde, notamment en France. Je me suis sentie concernée parce que je me suis rendue compte que cela se passait peut être en bas de chez moi. Cela m’a tellement bouleversée que j’ai voulu en faire une chanson. Pour mes autres chansons, je m’inspire de mon vécu ou des histoires de mes proches. J’écris souvent suite à des réactions épidermiques.
- Peux-tu nous parler de ta chanson Nana où tu relates la liberté de la femme ?
Je ne voudrais pas m’engager dans des propos politiques car je ne maîtrise pas assez le sujet, je n’ai de solution à rien mais j’ai un avis humain sur la question. Quand j’entends parler de femmes qui se font lapider, de petites filles qui se font exciser en Afrique, cela m’écœure.
Ma chanson Nana traite d’un sujet sensible qui a créé une vive polémique sur Internet. Mon clip sur Youtube a été ”floodé” par une sorte de secte sur un forum. Ces internautes ont reçu pour mission d’inonder d’insultes les commentaires de ma vidéo. Toute cette histoire prouve que ces sujets sensibles dérangent toujours en 2011. Il y a encore beaucoup de choses à faire du point de vue de la liberté de la femme, autrement ma chanson Nana ne perturberait plus à notre époque.
- Que t’a apporté ton voyage sur les Îles du Vanuatu ?
J’ai suivi ma mère là-bas lorsque j’avais 14 ans durant une année scolaire. C’est durant ce voyage que j’ai commencé à écrire des chansons car j’avais du temps libre. A mon retour, j’ai écris Nana, Les Saisons, Le Ramasse-poussière qui cimentent l’album. J’ai demandé à mon père d’enregistrer ces chansons en studio et c’est à partir de ce moment là que c’est devenu sérieux.
- Peux-tu nous parler de ton duo avec Akhenaton ?
J’avais déjà travaillé avec Akhenaton en 2006 pour la compilation Dis l’heure 2 Hip Hop Rock du rappeur français Passi. Il me connaissait car mon père travaillait avec lui depuis une vingtaine d’années, il avait donc entendu parler de moi et de ce fait, nous avons travaillé ensemble. Suite à cette collaboration, Akhenaton a suivi ma carrière musicale. Lorsque j’ai fini mon album, il l’a écouté et m’a proposé de faire un remix de l’un de mes morceaux. Je l’ai laissé choisir la chanson qu’il souhaitait et son choix s’est tourné vers Les Saisons. Il a retouché l’instrumental et a posé un couplet rappé. Je suis fan d’IAM depuis toute petite, je n’en revenais pas de voir un pharaon comme lui reprendre une de mes compositions. J’ai décidé de cacher cette version dans l’album. Je trouve agréable de laisser tourner un CD et de découvrir une chanson cachée au bout de quelques temps.
- Même si tu as grandi avec IAM, as-tu d’autres modèles ?
J’adore la folk. Grâce à mes parents, j’ai découvert des mentors comme Bob Dylan, Bruce Springsteen qui m’accompagnent depuis toute petite. Puis, à l’adolescence j’ai eu un déclic en écoutant la musique d’Alanis Morissette. J’adore aussi Cat Power, Noir Désir et j’ai découvert très récemment le groupe First Aid Kit qui va certainement m’inspirer pour mes futures compositions.
- T’arrive-t-il d’être inspirée par des œuvres qui n’ont rien à voir avec la musique ?
Le cinéma est une grande source d’inspiration. Ma chanson Road Trip revisite le film Thelma et Louise. En le découvrant, j’ai eu une envie soudaine de partir à l’aventure comme les deux héroïnes. Je n’ai pas encore eu le plaisir de faire un road trip à San Francisco et parcourir toute la route 66 mais j’ai découvert New York l’an dernier et j’ai adoré.
- Ton album Nana est sorti il y a quelques mois, es-tu prêtes à le défendre en live ?
Oui je me sens prête à défendre cet album. Je viens de signer avec un tourneur, j’ai un showcase au Bus Palladium le 26 mai prochain et à partir de cette date, j’y jouerai une fois par mois. D’ici à cet été, des premières parties et des concerts sont prévues en attendant ma propre tournée qui devrait débuter à l’automne.
- Comment prévois-tu de jouer l’album sur scène ?
Je souhaite rester fidèle à l’esprit et à la structure des morceaux. Cependant, je suis forcée d’adapter cet album pour le live car il n’y aura pas assez de musiciens sur scène. Nous serons seulement deux ou quatre donc certains instruments devront être remplacés par d’autres. Par exemple, pour la chanson Les Conneries, il n’y aura pas de cordes. L’album Nana réserve quelques surprises en live.
1er avril : Le Lounge, Marseille
26 mai : Bus Palladium, Paris
19 juillet : Espace Rencontre & Culture, Les Orres
23 juillet : ensuès’tival, Ensues la redonne