La vie de Galilée de Bertolt Brecht
Une des grandes qualités de Brecht, c’est d’avoir écrit des fables politiques dont tout le système dialectique reste encore adaptable et démontrable au jour d’aujourd’hui.
C’est ce que nous prouve avec bonheur la compagnie du Grand Soir en montant « La vie de Galilée » à la scène en se servant de cette mouture de Brecht écrite de 1938 à 1939 lors de son exil au Danemark.
Cette troupe démontre par d’habiles insertions la pérennité du propos. Les créateurs ne tombent pas dans le piège d’un modernisme à tout prix, mais vont puiser des arguments et des éléments dans la matière originale de Brecht. La métaphore y est filée bon train sans être trop appuyée.
Ainsi avance-t-on dans le procès de Galilée en enjambant « L’Histoire » au sens politique, pour arriver à mettre en croisement des événements sociaux et des comportements témoins de notre époque. Là, il y a vraiment, aux dires de Brecht, une mise en application du mécanisme, réelle manifestation de la dialectique. Ce mécanisme est mis à nu devant nous par des personnages qui affichent leur déplacement de l’époque de Galilée à nos jours.
Ce parti pris dramaturgique nous amène inévitablement à réfléchir et à comprendre l’effet distanciatoire cher à Brecht.
En conséquence, la troupe réussit avec jolie pirouette et pied-de-nez à faire du vrai théâtre brechtien sans le savoir. Bien sûr, nous n’irons pas jusqu’à une formule aussi lapidaire parce que cette troupe sait très bien ce qu’elle veut faire et elle le fait bien. Elle y met beaucoup de rigueur et aussi de joyeuse et bonne humeur. Il faut dire, que grâce à la musique très nerveuse de Hanns Eisler et les multiples talents de l’ équipe, il y va joyeusement de l’ambiance cabaret.
On ressent alors derrière tout cela un esprit de collectif qui n’est pas sans nous rappeler des collectifs pareillement engagés comme le théâtre de la Baracca de F.G Lorca ou du groupe Octobre avec Jacques Prévert.
Merci de votre mafestation ! Et bravo !
Par Jacky Viallon
La compagnie du Grand Soir , mise en scène Antonia Malinova.
Musique Hanns Eisler.
Avignon à l’Espace Roseau à 20 H 30 jusqu’au 31 Juillet.
Contacts : 06 81 91 45 08