jusqu’au 22 février
La Reine morte au Capitole de Toulouse
Dans la lignée du ballet d’action
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- 20 février 2015
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A côté des dix neuf Centres chorégraphiques nationaux (CCN) qui fêtent leurs trente ans, se maintiennent en France, certes en petit nombre, des compagnies de ballet attachées à des maisons d’opéra et dignes d’intérêt.
Il y a d’abord le vénérable et unique Ballet de l’Opéra de Paris, et en région, principalement le Ballet de l’Opéra de Bordeaux, le Ballet du Capitole de Toulouse et le Ballet de l’Opéra de Nice, ainsi que le Lyon Opéra Ballet. Les trois premiers sont actuellement dirigés respectivement par deux anciennes étoiles et un ancien premier danseur du Ballet de l’Opéra de Paris ; c’est dire un certain attachement à une forme de danse plutôt néoclassique sans pour autant négliger une ouverture sur le contemporain, qui est davantage le pain quotidien du Lyon Opéra Ballet.
Le Ballet du Capitole de Toulouse a à sa tête Kader Belarbi, un pur produit de l’Ecole de Danse de l’Opéra de Paris, comme son aîné Charles Jude, patron à Bordeaux et Eric Vu-An à Nice. Fin février, la compagnie toulousaine reprend une création de 2011, La Reine morte, oeuvre dans la ligne du ballet d’action défini - dès le XVIIIème siècle - que Kader Belarbi a chorégraphié peu avant d’en être nommé directeur. Il considère cette pièce comme “une signature et l’une des facettes de l’identité du Ballet du Capitole”. C’est en tout cas ce qui a notamment déterminé, le directeur général de la maison, Frédéric Chambert, à choisir Kader Belarbi pour succéder à Nanette Glushak.
La compagnie toulousaine, forte de trente cinq danseurs est désormais, comme à Paris, hiérarchisée en grades (premiers solistes, solistes, demi-solistes, et corps de ballet). Ces danseurs viennent des quatre coins du monde. Sur les dix nouvelles recrues de la rentrée de la saison 2014-2015 deux seulement sont françaises, les autres (filles et garçons) viennent des Etas-Unis, du Japon, d’Italie, de Suède, d’Ukraine, de Moldavie et d’Arménie.
Ils ont rejoints les deux interprètes des rôles des principaux protagonistes du drame au coeur de ce ballet en deux actes qu’est La Reine morte : l’Espagnole Maria Gutierrez et l’Arménien Davit Galstyan. Ces deux premiers solistes ont créé les rôles d’Inès de Castro, simple dame d’honneur espagnole et du Prince héritier de la couronne du Portugal, Dom Pedro, dont les amours malheureuses sont empêchées par le roi du Portugal, Dom Ferrante, lequel vieillissant, solitaire et impitoyable, au point de faire assassiner Inès de Castro.
Cette Reine morte dansée sur un choix de musiques de Tchaïkovski est librement inspirée de la pièce éponyme de Henry de Montherlant, créée en 1942 par la Comédie-Française, elle-même inspirée de la pièce de l’Espagnol Luis Vélez de Guevara (1652), Reinar después de morir (Régner après sa mort), basé sur un fait historique du milieu du XIVème siècle.
En écoutant l’accompagnement musical de ce ballet, on mesure à quel point Tchaïkovski est un compositeur familier de l’univers de la danse, ici néo-classique, dont il épouse naturellement la fluidité.
La réussite du spectacle tient aussi au choix des couleurs, dû à la collaboration du chorégraphe et du costumier, Olivier Bériot, et aux lumières de Sylvain Chevallot, jouant avec les rares éléments de décor de Bruno de Lavenère, tranchant sur un fond noir.
Cette recherche d’une couleur ou de couleurs pour les costumes, en corresppondance avec les caractères des protagonistes et les situations vécues, est particulièrement remarquables dans les vêtements d’Inès et de Pedro : ils sont de différentes teintes de bleu évoluant, grâce aux éclairages, vers le pastel puis le blanc dans le cas d’Inès, lorsqu’elle est exposée morte et imposée comme souveraine par Pedro. Quant au roi Ferrante, usé par l’âge et le pouvoir, il apparaît sous des teintes vert jauni et bronze doré. L’extrême musicalité du Ballet du Capitole et de ses solistes, la justesse de leurs pas, couronnent le tout et concourent à l’intensité de ce drame dans sa version dansée.
La Reine morte chorégraphie Kader Belarbi ( durée 2h20)
Théâtre du Capitole de Toulouse – 22 février 2015 : 15 h et 24 au 28 février : 20 h Places de 8 à 50€
Photos © David Herrero