Jack l’Eventreur - Scotland Yard savait, de Florence et Sopihe Herfort
Un huis-clos passionnant
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- 28 mars 2012
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À propos d’une éditrice atypique : Danielle Dorval, fondatrice de la maison d’édition. Sa dernière parution pour le salon du livre de Mars 2012 : une adaptation théâtrale de la plus populaire des thèses relatives à Jack l’Éventreur, et signée des sœurs Herfort, se présente comme un huis-clos passionnant, mettant en scène les protagonistes et officiels de l’époque.
Les éditeurs, c’est comme les producteurs, ils se tiennent dans l’ombre, mais ce sont eux qui font la pluie et le beau temps ; c’est aussi ceux qui jonglent avec les prévisions et les estimations sans être estimés. Aujourd’hui, la Maison Dorval nous revient avec son dernier cru. Une pièce enquête que l’on suit comme un polar…
Vous ne trouverez pas sur Paris et même sur Orléans, une maison d’édition aussi atypique : Dirigée tambour battant, clairon sonnant, toutes griffes dehors, faisant sus à la défaite, renonçant aux bras ballants et autres balancements de découragements. Danielle Dorval dont la maison d’édition porte le nom de sa fondatrice, se défend de toute part, brandissant son épée dont le nom et n’est pas sans nous rappeler la fidèle Durandal.
« Dorval » toujours prête à l’attaque. Preux chevalier, se défendant seule sur son rocher, fait surgir de l’onde telle une héroïne Wagnérienne, des auteurs, des écrivains, des essayistes, des poètes et quelques atypiques jongleurs de mots ignorés, certains perdus dans les brumes de l’indifférence, partis à la dérive ou menés sur le bateau « l’incognito » rebaptisé à cet effet « Radeau de la Méduse » et d’autres, forts de leur succès d’estime. Le premier livre de Sophie Herfort : Jack L’Eventreur démasqué (Ed. Tallandier) s’est vendu à plus de 30.000 exemplaires, toutes rééditions confondues. Danielle Dorval a voulu donner une vie différente à cet ouvrage à succès et consacre son temps et son talent à des auteurs maison.
Aujourd’hui, Danielle Dorval dirige plusieurs collections, allant du théâtre pour enfants et adultes, en passant par la cour des romans historiques au risque d’attraper la fièvre des essais médicaux et paramédicaux et s’offrir quelques glissades périlleuses avec ses nouvelles collections « Grandes Aventures polaires » et « Secrets d’Archives ».
Pour la dernière publication qui vient de sortir à l’occasion du salon du livre de mars 2012, Dorval Éditions frappe très fort en éditant une adaptation controversée qui nous éclaire sur le comportement et les agissements de l’assassin multirécidiviste qu’était Jack l’Éventreur.
Pour aboutir à l’écriture de cette pièce, Sophie et Florence Herfort ont mené un sérieux travail d’observation et, finalement d’analyse pour réussir à nous entraîner, malgré la gravité du sujet, dans le dédale de leurs interrogations. Trois officiels, la tête remplie de secrets et une jeune actrice bien décidée à en découdre pour savoir qui était son père, s’affrontent avec solennité et dans les coulisses du prestigieux Lyceum theatre de Londres. Tous sont lancés dans une intrigue tenace au gré des flashback et des coups de couteau. Scotland Yard savait mais n’a rien dit. Et pour savoir comment l’Establishment a préservé le plus épineux secret de Polichinelle, lisez cette adaptation des sœurs Herfort. Après la célèbre thèse éditée par Tallandier en 2007, voici l’œuvre dramatique, parue en 2012.
Il faut reconnaître que les auteurs ont trouvé une parade astucieuse pour échapper au caractère statique des enquêtes criminelles, portées à la scène.
Les recherches sont livrées en flashback basculant sur différentes périodes selon les incursions faites dans les multiples dossiers consignés dans les boîtes à archives ou les précieux mémoires de Melville Macnaghten (officiel de l’époque), pour instruire cette sinistre affaire. Ainsi, la pièce se situe-t-elle en 1914 mais prévoit des retours en 1888, et l’on pourrait dire par résonance, au regard du travail des sœurs Herfort, affirmer que l’affaire Jack l’Éventreur fait encore écho à ce jour et qu’elle continue à nous intéresser dans sa symptomatique. Le suspense bat crescendo et se déploie dans une dynamique contemporaine.
On comprend tout l’intérêt que porte Robert Hossein à la pièce Jack l’Éventreur – Scotland Yard savait dans cette préface écrite par l’un des plus grands hommes de la scène française :
« Après avoir épousseté ce mythe flirtant entre effroi et drôlerie dans un rythme haletant, oserez-vous lever le voile qui pèse depuis plus de 120 ans sur Scotland Yard ? Il ne tient qu’à vous de soulever le rideau rouge de son règne sanglant pour mieux le refermer. »
Et maintenant, c’est à vous de juger si les sœurs Herfort ont gagné ou pas leur pari fou !
Jack l’Eventreur- Scotland Yard savait de Florence et Sopihe Herfort Dorval Editions, Fev.2012