Paris, Théâtre de la vieille grille, les 21 février, 28 mai, 11 avril, 6 juin
Humour et poésie 1900
Apéro-lecture en compagnie de Gilbert Laffaille
Gilbert Laffaille a toujours été un amoureux des mots et de la littérature, aussi on ne s’étonnera pas qu’il ait provisoirement posé la guitare pour aller chiner quelques trésors littéraires des années 1900, dont il a fait la matières vivante et colorée d’une lecture délicieuse dans un style très personnel où on reconnait son humour pince-sans-rire et le charme d’une voix et d’un phrasé singuliers. S’étant avisé que l’humour n’est pas la spécialité des anthologies poétiques, il s’est intéressé à ce registre qui a vite débordé du lit de la poésie pour aller guigner par exemple du côté du théâtre, sans se priver de quelques savoureux aphorismes. Tous les auteurs choisis ne sont pas aussi connus que Tristan Bernard, Alphonse Allais, Eugène Labiche, Georges Feydeau, Jules Renard ou Sacha Guitry. Les textes retenus sont généralement des perles à peu près inconnues, comme cet incroyable texte de Mallarmé, « Parce que », version gauloise du « Philistins épiciers », tiré de La chanson des gueux de Jean Richepin, dont, soit dit en passant, Brassens a retranché la fin passablement scatologique. Parmi les moins connus, Alfred Capus (qui formait la bande des quatre avec Jules Renard, Tristan Bernard et Sacha Guitry), Rodolphe Salis (le patron du célèbre cabaret du chat noir) le chansonnier Mac Nab (dont on connaît la chanson Le Grand Métingue du métropolitain), Cami, Franck Nohain (le père de Jean) dont l’histoire des appareils de fermeture de porte automatique s’apparente à un sketch des Frères ennemis ou de François Rollin. Le collectionneur d’enfants de Tristan Bernard, tiré des Contes de Pantruche et d’ailleurs, est un véritable bijou d’humour noir. Il y a aussi, Charles Cros dont Laffaille dit qu’il est l’inventeur du monologue moderne à la Raymond Devos. Parfois il ne se refuse pas quelques calembours tel celui-ci d’Alphonse Allais : les Russes sont généralement propres ; on a raison de dire, en parlant d’eux, les populations slaves. Mais on résistera au plaisir de vous révéler la maxime définitive sur le sens de la vie signée du légendaire Sapeur Camembert, héros de la bande dessinée de Christophe, un summum d’absurde. Laffaille est à son affaire et ça se sent. Faisant rouler les phrases sur la langue comme on le ferait d’un bon vin, il a l’œil qui frise. Il guette l’effet produit et le goûte avec un sourire discret de connivence, expression de satisfaction du conteur qui a établi dialogue et complicité avec son public. A voir la gourmandise avec laquelle il dit ces textes, gageons qu’il ne s’arrêtera pas à La Belle époque. On attend avec impatience son anthologie personnelle de l’humour en littérature du Moyen Âge à nos jours.
Humour et Poésie 1900. Gilbert Laffaille. Apéro-Lecture, Florilège des années 1900 au théâtre de la Vieille grille. Réservations : 01 47 07 22 11
