Vendredi 13 de Jean-Louis Bauer

Lendemain d’attentat

Vendredi 13 de Jean-Louis Bauer

Sensible comme peu d’auteurs français à l’actualité et à tout ce qui secoue le monde où nous vivons (il est l’auteur, notamment, du Roman d’un trader, Jean-Louis Bauer consacre sa nouvelle pièce aux phénomènes des cultures opposées de nos populations modernes et à la radicalisation. Vendredi 13 : c’est le vendredi de la pire malchance. Parmi les victimes des attentats de novembre 2015, au Bataclan et dans le quartier de la Bastille, une bande de copains a perdu l’une des leurs : elle était musulmane et elle a été tuée par des fanatiques de sa religion. Sur sa tombe, dressée à côté de tombes qui portent la marque d’autres religions, ses proches viennent se recueillir. Mais les conflits s’aiguisent au lieu de s’amplifier. L’une des amies est totalement libérée de préceptes rigoristes ; l’autre est revenue au voile et à un comportement respectueux des interdits confessionnels. L’un des garçons est juif, né de parents venus de Pologne. L’autre garçon est franco-algérien, favorable au comportement le plus sectaire. Tous s’enflamment, avec, pourtant, beaucoup d’amitié et d’émotion en eux.
Ce théâtre de conflit idéologique est peut-être le plus difficile à faire. On tombe facilement dans la théorie ou le schématisme. Jean-Louis Bauer n’a pas écrit là sa plus grande pièce mais il a évité tous les écueils. L’affrontement sonne juste et vrai. Les attitudes opposées se détaillent comme dans un jeu de miroirs où chaque pensée se découpe en un jeu égal de reflets et s’implique dans autant d’humanité. Dans un beau décor, fait de quelques symboles et dû à Félix Baratin et Caroline Long Nguyen, les jeunes interprètes, Amina Boudjemline, Mayel Elhajaoui, Loïc Le Manac’h et Margot Van Hove, sont à la fois souples et intenses. La lumière qu’ils ajoutent au texte éclairant de Jean-Louis Bauer est violente et douce.

Vendredi 13 de Jean-Louis Bauer, mise en scène de l’auteur, scénographie de Félix Baratin et Caroline Long Nguyen, costumes de Karen Serreau, lumière de Paul Hourlier, son de Maxime Denis, avec Amina Boudjemline, Mayel Elhajaoui, Loïc Le Manac’h, Margot Van Hove.

Théâtre de la Reine blanche, 20 h 45 du jeudi au samedi, tél. : 01 40 05 06 96, jusqu’au 25 février. (Durée : 1 h 15).

Photo Pascal Gély.

A propos de l'auteur
Gilles Costaz
Gilles Costaz

Journaliste et auteur de théâtre, longtemps président du Syndicat de la critique, il a collaboré à de nombreux journaux, des « Echos » à « Paris-Match ». Il participe à l’émission de Jérôme Garcin « Le Masque et la Plume » sur France-Inter depuis un quart...

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