Sceaux, Les Gémeaux jusqu’au 23 octobre 2011

Tartuffe de Molière

Eric Lacascade recentre “ l ’Imposteur ” au cœur de la famille

Tartuffe de Molière

Après la brillante réussite de son adaptation des Estivants de Maxime Gorki en 2010, Eric Lacascade aborde le répertoire classique français avec l’une des œuvres majeures de Molière, qui fit
l’objet de plusieurs années de querelle et d’interdiction avant sa création le 5 février 1669. Depuis, cette machine à dénoncer l’hypocrisie, le fanatisme religieux et le conformisme, a fait l’objet de nombreuses interprétations. Leurs partis pris récents – de Planchon à Braunschweig – s’inscrivaient dans une mise en perspective avec le monde contemporain, dont les évolutions n’ont guère occulté les ressorts portés par la pièce.

Cette version d’ Eric Lacascade va également dans ce sens, sans négliger son ancrage dans la farce, en apportant une perception limpide des personnages et de leurs sentiments. Dans le dispositif scénique de bois clair à deux niveaux d’Emmanuel Clolus qui évoque l’habitation bourgeoise du maître de maison et accompagne judicieusement la mise en scène, Orgon (Christophe Grégoire), avec le soutien de sa mère Madame Pernelle (Laure Werckmann), a introduit Tartuffe (Eric Lacascade), faux dévot manipulateur, hypocrite et libertin, dont il s’est entiché. Un intrus provocant le rejet de son fils Damis (Arnaud Chéron) de sa fille Marianne (Millaray Lobos) et de leurs amis, soutenus par l’impertinente et lucide soubrette Dorine (Nora Krief). Une famille en décomposition qui ne retrouvera l’unité - sentimentale et matérielle – que lors du démasquage de Tartuffe et de sa condamnation.

Dans sa forme, la représentation, bien rythmée, puise dans ce microcosme familial les sources d’éclairage des passions et des antagonismes qui animent les personnages, pour lesquels Tartuffe sert de révélateur. Ce dernier, campé ici avec justesse dans une inquiétante sobriété, délivre la noirceur qui l’habite aux delà des apparences jusque dans les non–dits, et l’ambigüité de l’attachement irraisonné qu’il provoque chez Orgon s’en trouve confortée. Avec un dosage équilibré du registre comique ou bouffon porté par la pièce le spectacle trouve une unité dans l’interprétation de bons comédiens réunis par un esprit de troupe cultivé par Lacascade depuis de nombreuses années.

Tartuffe de Molière, mise en scène Eric Lacascade, avec Jérôme Bidaux, David Botbol, Arnaud Chéron,Simon Gauchet, Christophe Grégoire, Spéphane E. Jais, Norah Krief, Eric Lacascade, Daria Lippi, Millaray Lobos, Laure Werckmann. Scénographie Emmanuel Clolus, lumière Philippe Berthomé, costumes Marguerite Bordat, son Marc Bretonnière. Durée 2 h 15. Théâtre des Gémeaux – Sceaux jusqu’au 23 octobre 2011. TNB – En tournée de novembre 2011 à mai 2012.

A propos de l'auteur
Jean Chollet
Jean Chollet

Jean Chollet, diplômé en études théâtrales, journaliste et critique dramatique, il a collaboré à de nombreuses publications françaises et étrangères. Directeur de publication de la revue Actualité de la Scénographie de 1983 à 2005, il est l’auteur de...

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