Critique – musiques

Singin’in the Rain de Nacio Herb Brown et Arthur Freed

Le bonheur sous la Nef !

Singin'in the Rain de Nacio Herb Brown et Arthur Freed

A sa création en mars 2015 au Théâtre du Châtelet le bonheur s’inscrivait déjà sous la pluie (voir WT 4557). Pour cette deuxième reprise (la première eut lieu en décembre de la même année – WT4901) le bonheur est toujours présent, toujours aussi vif mais il s’est transporté sous les voûtes de verre et d’acier du Grand Palais.

La maison mère est en travaux et ne rouvrira ses portes qu’en septembre 2019. Ses activités se poursuivent donc et se poursuivront selon un programme et des lieux qui seront communiqués au fur et à mesure. Pour l’heure rien n’est encore dévoilé. Et pour l’instant l’important se chante et se danse en swing et en valses sur toutes les couleurs de la comédie musicale telles que les a brossées le metteur en scène canadien Robert Carsen.

Sous la nef du Grand Palais quelques bonus liés au lieu s’ajoutent au plaisir du spectacle. On peut y arriver deux heures avant le lever de rideau pour se laisser entraîner dans un cours de claquettes fourni par l’un des profs de l’école Swingtap. Il faut s’inscrire à l’avance et l’apprentissage coûte 10€. Rythmes et sourires se joignent dans une bonne humeur qui éclaire des visages d’âges divers, de gamins et de gamines à quelques encore jeunes grands parents. On peut s’y restaurer suivant diverses formules, on peut aussi y confier son visage à une équipe de maquilleuses qui vous mettent, tout sourire, du rose aux joues et du mascara aux cils. Karaoké et incontournable boutique à souvenirs complètent le paysage d’un accueil pas comme les autres.

Dans l’espace salle, deux mille quatre cents fauteuils de velours rouge ont été placés en arc de cercle et en gradins pour accueillir le public. La scène a été reconstituée en écho à celle du Châtelet. Les coulisses contiennent quelques tours de force techniques et technologiques avec notamment, en réserve, six mille litres d’eau chaude en circuit pour procéder aux arrosages de pluie chantante…

Le spectacle où l’épisode du passage du cinéma muet au cinéma parlant engendre espoirs et déceptions, course à la gloire et chutes dans l’oubli a conservé toutes ses qualités d’origine. Robert Carsen héberge toutes les faces du spectacle vivant dans sa mise en scène, théâtre dans le théâtre, cinéma dans le cinéma, écrans et cadres se dédoublant en perspective, décors mobiles, costumes chics des années trente et costumes d’époque versaillaise pour les bouts filmés. Les chorégraphies de Stephen Mear sont toujours réglées au quart de tour en claquettes endiablées sur fond d’airs dont on fredonnerait sans fin les refrains.

Dan Burton reste l’irrésistible meneur de jeu, ce Don Lockwood chantant, dansant, séduisant à tout va, Daniel Crossley en Cosmo Brown, l’ami fidèle, a conservé tout le brio de ses numéros voltigeurs. Emma Kate Nelson et Monique Young rivalisent encore de charme et de drôlerie. Tous sont au rendez-vous sous la direction pétulante de Gareth Valentine qui fait swinguer de plaisir l’orchestre Pasdeloup.

Si le film quasi mythique de Stanley Donen avec Gene Kelly reste une référence sur pellicule, le spectacle qu’en ont tiré Robert Carsen, Stephen Mear, Gareth Valentine et leur formidable troupe de chanteurs-danseurs marque un incontournable avantage : il est vivant.

Singin’in the Rain de Nacio Herb Brown et Arthur Freed, scénario de Betty Comden et Adolphe Green, orchestre Pasdeloup, direction Gareth Valentine, mise en scène Robert Carsen, chorégraphie Stephen Mear, décors Tim Hatley, costumes Anthony Powell. Avec Dan Burton, Daniel Crossley, Monique Young, Emma Kate Nelson, Robert Dauney, Jennie Dale, Matthew Gonder, Matthew Jeans, Michelle Bishop.

Grand Palais – du 28 novembre 2017 au 11 janvier 2018. Du mardi au samedi, en soirée à 20h, en matinées les dimanches à 18h. Dimanche 24 décembre à 15h et 20h, dimanche 31 décembre à 20h, lundi 1er janvier à18h.

01 40 28 28 40 – www.chatelet-theatre.com

A propos de l'auteur
Caroline Alexander
Caroline Alexander

Née dans des années de tourmente, réussit à échapper au pire, et, sur cette lancée continua à avancer en se faufilant entre les gouttes des orages. Par prudence sa famille la destinait à une carrière dans la confection pour dames. Par cabotinage, elle...

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