Lucernaire jusqu’au 4 mai
Scapin d’après Molière
Un seul acteur pour toute une pièce
Jacques Weber joua Cyrano en en jouant tous les rôles. Hervé Devolder entreprend un pari un peu semblable : il interprète seul sa version des Fourberies de Scapin. Il a gardé une grande partie du texte, qu’il ne donne pas tout à fait dans l’ordre. Il fait imaginer le cadre – un port en Sicile – et lance dans un même mouvement tous les personnages : le truculent Scapin d’abord, mais aussi le vieux Géronte, la roublarde Zerbinette, le jeune Octave… C’est un jeu avec une pièce célèbre et un hommage à Molière. Il y a dans le spectacle de Devolder des arrière-plans un peu savants sur l’histoire et les interprétations de la pièce. Quelques commentaires enrichissent le regard sur l’œuvre : farce et, en même temps, œuvre écrite par un grand prosateur. Devolder n’est manifestement pas de l’avis de Boileau qui disait : « Dans ce sac ridicule où Scapin s’enveloppe / Je ne reconnais pas l’auteur du « Misanthrope ». D’ailleurs il ne cite pas ce jugement, si erroné !
Hervé Devolder est un acteur fougueux et habile. Ce spectacle reflète toutes ses qualités. Pourtant, il y a peut-être trop d’élégance, trop de charme, dans la mesure où Les Fourberies de Scapin sont une pièce crue, populaire, foraine. Le costume porté par l’acteur n’est pas vraiment un habit de laquais. Lui-même ne respire pas assez la rue, la plèbe, la « caillera » de l’époque. Dans son style de jeu, il déploie une bienveillance, une gentillesse qui ne sont pas propres aux insolents valets de comédie. L’adaptation est adroite, la connivence entre le comédien et le public immédiate. Mais on est plus dans l’évocation historique, le brillant cours du soir que dans la force de frappe du comique, plus du côté du conteur érudit que du bateleur du Pont-Neuf. .
Scapin d’après Molière, adaptation et mise en scène d’Hervé Devolder, costumes de Lisbeth Tron-Siaud, lumières de Denis Koransky, avec Hervé Devolder.
Lucernaire, tél. : 01 45 44 57 34, jusqu’au 4 mai. (Durée : 1 h 15).