Le cercle des illusionnistes d’Alexis Michalik

Le Ballet du vrai et du faux

Le cercle des illusionnistes d'Alexis Michalik

Après le triomphe du Porteur d’Histoire , Alexis Michalik était-il à même de réussir une nouvelle pièce aussi étourdissante dans sa construction et à même de rencontrer un public aussi enthousiaste ? Ce Cercle des illusionnistes est sans doute un peu moins surprenant, mais c’est à nouveau de la belle ouvrage, très stimulante, portée par une équipe de comédiens doués pour la transformation à vue. On sait que Le Porteur d’Histoire entrecroisait différents récits se passant à des époques différentes, comme si l’on mêlait des chapitres de Broyat et de Dumas. Cette fois, la magie est le nœud des diverses histoires dont les événements sont brassés comme on mêle des cartes.

Au départ, un jeune homme vole un sac mais, trouvant sur la carte d’identité de la victime que celle-ci est jolie, il prend contact avec elle. C’est déjà un tour de magie que ce vol. On va en vivre d’autres en remontant dans le temps avec ces jeunes gens, par à-coups, par sauts en avant ou en arrière : on rencontrera Jean-Eugène Robert-Houdin, maître de l’illusion au XIXe siècle, dont le théâtre, ou du moins sa trace, dort sous les coffres de la BNP du boulevard des Italiens, Georges Méliès qui fait disparaître oiseaux et lapins dans les hauts-de-forme avant de découvrir le cinéma des frères Lumière et va acheter des appareils de tournage et de projection en Angleterre parce que les frères Lumière ne croient pas en leur invention et laissent un moment leurs concurrents prendre leur place.

C’est un grand ballet du vrai et du faux, avec une folle imagination, une sérieuse connaissance de l’histoire du music-hall, du cinéma et des mœurs et une technique infaillible. Les projections entrent habilement dans la danse, modifiant régulièrement la nature de la scène. Les jeunes comédiens, Jeanne Arènes, Maud Baecker, Arnaud Dupont, Vincent Joncquez et Mathieu Métral, passent avec un grand charme d’un personnage à l’autre, tandis que Michel Derville, plus âgé, joue en contraste et habilement divers individus qui, additionnés dans l’esprit du spectateur, constituent une sorte de narrateur, de récitant, d’historien. L’on est emporté par un vif tourbillon à la séduction romanesque et à la culture très enrichissante. La question qui se pose au sortir de ce cabinet des illusions est de se demander ce qu’on retient d’un tel manège de séquences et de jeux ? Notre impression est que l’épisode Méliès dévore tout et que la mémoire efface les autres chapitres. A vous de donner votre réponse si vous venez participer à ce brillant puzzle en trompe-l’œil.

Le Cercle des illusionnistes d’Alexis Michalik, mise en scène de l’auteur, scénographie et vidéo d’Olivier Roset, lumière de Pascal Sautelet, costumes de Marion Rebmann, musique et son de Romain Trouillet, magie de Romain Laliro, avec Jeanne Arènes, Maud Baecker, Michel Derville, Arnaud Dupont, Vincent Joncquez et Mathieu Métral.

La Pépinière Théâtre, tél. : 01 42 61 44 16.

Photo ©Alejandro Guerrero

A propos de l'auteur
Gilles Costaz
Gilles Costaz

Journaliste et auteur de théâtre, longtemps président du Syndicat de la critique, il a collaboré à de nombreux journaux, des « Echos » à « Paris-Match ». Il participe à l’émission de Jérôme Garcin « Le Masque et la Plume » sur France-Inter depuis un quart...

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