Le Jardinier de la mer rouge de Duchemin et Jousse
L’enfance sacrifiée
Un jardinier vient se constituer prisonnier : il a enlevé un jeune malade mental pour l’arracher à son contexte social et médical. Cet enfant est peu aimé de ses parents, un danseur et une actrice connus qui se sont séparés. La psychiatrie d’alors ne comprend rien à l’autisme dont relève le garçon. L’enquête administrative va être difficile : le jardinier ne révèle pas l’endroit où l’enfant est caché, le « ravisseur » et le juge d’instruction sont liés par une relation d’amitié et des souvenirs qui remontent à la Résistance. D’un côté, la pesanteur de la loi qui privilégie les droits des parents et la « vérité » de la médecine ; de l’autre côté, des novateurs qui, par la simple intuition et par la tendresse, mettent en pratique une compréhension qui sera imposée plus tard par la nouvelle psychiatrie.
Gérald Duchemin et Rémy Jousse arrachent à l’oubli un dossier passionnant, l’affaire Fédéric Vardin, qui émut la France en 1973. Nous sommes sous la présidence de Georges Pompidou et une partie de son équipe est sensible à ce type de drame, où l’enfance est sacrifiée par un monde adulte ignorant. Mais la statut des handicapés n’est pas encore élaboré. C’est ce conflit qui va mener à la loi qui changera tout. Duchemin et Jousse content cette histoire de façon très classique, presque académique, avec des personnages stéréotypés (juge bougon, assistante perspicace, etc.) Dans une mise en scène de Bruno Bernardin qui joue le dépouillement, les acteurs, Hervé Masquelier, Flavie Avarguès, Caterina Barone, Benoit Gourley et Yves Javault donnent de la couleur à des figures qui, sans eux, seraient pâlichonnes. Ils musclent et rendent émouvant ce bon documentaire.
Le Jardinier de la mer rouge de Gérald Duchemin et Rémy Jousse, mise en scène de Bruno Bernardin, collaboration artistique de Caroline Roucoules, scénographie de Linda Hede et Eric Brossier, lumière de Maria Barroso, avec Flavie Avarguès, Caterina Barone, Benoit Gourley, Yves Javault, Hervé Masquelier.
Théâtre des 2 Rives, Charenton, tél. : 01 46 76 67 00, jusqu’au 1er juin. (Durée : 1 h 45).
Photo Les Apicoles