Le Cancre de Daniel Pennac
Entre deux chaises
Bernard Crombey réunit dans un même spectacle deux condensés de deux livres de Daniel Pennac : ce sont les deux faces d’un même homme face à l’école. Enfant, le petit Daniel est un mauvais élève, que rien n’intéresse. Adulte, Daniel est devenu professeur et vit pour enseigner, partager ce qu’il ne voulait pas apprendre lorsqu’il était un gamin rebelle. Que s’est-il passé ? L’enfant a trouvé sur son chemin un professeur intelligent qui lui a dit de ne pas suivre laborieusement les cours mais d’essayer d’écrire un roman. Et l’enfant s’est emparé des mots à sa façon.
L’acteur apparaît dans un plaisant décor d’Yves Collet qui évoque la classe, l’amphithéâtre. Il est à la fois le cancre et l’enseignant. Il a un cartable sur le dos et les jambes nues ! Le jeu, la diction de Bernard Crombey sont justes, fins, drôles, attachants. Et ces textes sont merveilleux ! Ils ouvrent les portes de la curiosité et de la culture ! Pourtant, il manque quelque chose à ce spectacle qui se cherche. Où se situe la prise en main théâtrale du matériau littéraire ? La traduction illustrative du livre ne va pas assez loin, ou trop loin. Il faudrait sans doute jouer davantage le personnage ou, au contraire, reculer vers la nudité et le fil du rasoir. Crombey, qui est en toute chose un acteur élégant, reste entre deux chaises et n’a pas encore trouvé totalement sa place dans la classe.
Le Cancre de Daniel Pennac, d’après Chagrin d’école et Comme un roman (Gallimard). Conception et jeu de Bernard Crombey, collaboration artistique de Catherine Maignan, lumières et scénographie d’Yves Collet, son de Michel Winogradoff, vidéo de Matthieu Mullot, vidéo-musique de Jules Poucet.
Lucernaire, 21 h, tél. : 01 45 44 57 34. Reprise au festival off d’Avignon.
Photo Guy Chapelier.