La danse au Théâtre de la Ville

Fidélité et nouveauté

La danse au Théâtre de la Ville

Le programme danse du Théâtre de la Ville à Paris reste attaché à une politique artistique équilibrant la fidélité à des créateurs et à des troupes et l’ouverture à des personnalités émergentes, de même que l’accueil de plus récentes créations.

Ainsi en ce début d’année 2016, le Théâtre de la Ville, après avoir réinvité le Français Rachid Ouramdam, chorégraphe « associé » au lieu et depuis janvier 2016 co-directeur du Centre chorégraphique national (CCN) de Grenoble, affiche, dans sa salle de la place du Châtelet, le Ballet de l’Opéra de Lyon, du 20 au 27 février 2016 et, au Théâtre des Abbesses, le Groupe Emile Dubois dans la dernière création L’Etranger de son chorégraphe-fondateur Jean-Claude Gallotta, du 23 février au 5 mars 2016.

Compagnie « voyageuse », le Ballet de l’Opéra de Lyon, toujours dirigé par le Franco-grec Yorgos Loukos, est ouvert à ce qui se fait dans le monde, comme en témoigne son programme présenté à Paris. Quatre pièces de l’Australienne, Lucy Guérin (Black Box), de l’Israélien Emmanuel Gat (Sunshine), de la Portugaise Tânia Carvalho (Xylographie ) et de l’Américain William Forsythe (One Flat Thing Reproduced), ont été réunies sous le titre Mouvements contrastés.

La nouveauté de ce programme de la troupe lyonnaise est la toute récente création pour 18 danseurs de Xylographie de Tânia Carvalho, formée à la danse classique et contemporaine dans son pays où elle participa au collectif « Bomba suicida » de 1997 à 2004, avant de mener une carrière de chorégraphe indépendante. Elle cultive une danse à la fois physique et sensible très influencée par l’expressionnisme allemand.

Pour cette pièce de 25’, inspirée du procédé de la xylographie (procédé de gravure sur bois), des mouvements très précis ont été indiqués aux danseurs qui ont tout loisir cependant de s’y mouvoir librement et ne s’en prive pas. Le spectateur a l’impression que tous les danseurs sont le même danseur effectuant le même mouvement, mais dans des tempi différents. La musique est co-signée par Tânia Carvalho et le compositeur Ulrich Estreich. « Le son, explique la chorégraphe est comme une partie du mouvement, il grandit en même temps, comme une lumière, un élément de costume ou le mouvement lui-même ».

Jean-Claude Gallotta a quitté fin décembre 2015 la direction du Centre chorégraphique national de Grenoble, dans le cadre duquel il a crée encore en juin 2015 L’Etranger, à partir du roman d’Albert Camus.
Le chorégraphe et l’écrivain ont en commun d’être attachés affectivement à l’Algérie, à sa lumière, à son soleil. Le chorégraphe avoue avoir recherché une traduction physique mêlée de souvenirs autobiographiques aux mots de Camus. Trois danseurs-piliers de sa troupe permanente, Ximena Figueroa, Thierry Verger et Béatrice Warrand, sont les interprètes particulièrement investis dans ce spectacle intime, à l’emprunt autobiographique évident et composé également de projections de films (de famille et d’extraits d’œuvres des cinéastes Tarkovski et Fellini), de simples images ou d’extraits du roman lus en voix « off ». Le résultat est un ballet dans lequel Gallotta livre beaucoup de lui-même, une tendance qu’il ne nie pas : « Peut-être, dit-il, que la mort récente de ma mère (née à Oran) m’a conduit sur ce chemin-là, le chemin de l’intime ». La scène vibre sous la même lumière que les pages de Camus, « au rythme de l’affrontement entre instinct de mort et instinct vital ». Meursault, le héros du roman, accepte de « mourir pour la vérité ». Les trois interprètes du ballet expriment la même nécessité sur une musique lumineuse et sensuelle signée Strigall.

Mouvements contrastés, Théâtre de la Ville, 20, 22 , 23 , 25 , 26 , 27 février 20h30, 21 février 15h, 35 et 30€.
L’Etranger, Théâtre des Abbesses, 23 au 27 février et 1er au 5 mars, 20h30, 30 et 27€.

Photos One Flat Thing Reproduced ©Michel Cavalca – Xylographie ©Stofleth

A propos de l'auteur
Yves Bourgade
Yves Bourgade

Journaliste, critique free-lance Yves Bourgade a occupé plusieurs postes au sein de l’AFP où il fut responsable des rubriques théâtre, musique et danse de 1980 à 2007. Comme critique musique a collaboré notamment à la « Tribune de Genève » (1971-1988)...

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