Paris, Atalante
La Ballade de Mrs Blondie d’Agathe Alexis
Peur sur la ville
Dans cette « ballade » new-yorkaise, quels textes sont de Shakespeare, de Dos Passos, de Richard Wright ? Difficiles à dire car ils sont fondus un dialogue aux résonances très contemporaines. Au départ, Agathe Alexis voulait travailler sur le thème de la xénophobie et de la peur de l’autre. Peu à peu, elle a délaissé la forme du montage et a écrit un texte original où demeure un certain nombre de citations. L’on est quelque part à New York, en compagnie de Mrs Blondie qui promène son chien. Ce chien qui parle est toute sa vie. Elle l’adore ! Mais elle va être contaminée par les poisons du soupçon et de la haine. Passe juste un personnage au visage à moitié blanc et à moitié noir, et la fureur se déchaîne. La tranquille mais inquiète Mrs Blondie va passer dans le camp de ceux qui tuent ceux qu’ils aiment par pur amour d’eux-mêmes.
Au moment où l’on s’interroge sur la libre circulation des armes aux Etats-Unis, la pièce d’Agathe Alexis tombe bien. Le texte est nerveux, percutant, pas toujours clair et porté à la scène avec une impressionnante intensité, dans un décor minimal où tout repose sur l’imagination. Hanno Burger, issu de l’Académie Fratellini, n’a qu’un rôle de figurant acrobate : il l’assume très bien. Jaime Azulay, qui incarne un chien plus grand que sa partenaire, compose avec malice un être aussi humain qu’animal. Quant à Emmanuelle Brunschwig, elle distille puis dégage une violence étonnante, nourrie de folie et de désespoir. C’est une très grande actrice.
La Ballade de Mrs Blondie et de son chien Billy dans New York la nuit, texte et mise en scène d’Agathe Alexis, collaboration artistique d’Alain Alexis Barsacq, scénographie et costumes d’Emanuelle Belkadi, réalisation sonore de Jacob, prothèse et maquillage de Claire Cohen. Atalante, tél. : 01 46 06 11 90, jusqu’au 30 décembre. Durée : 1 heure.