Paris, théâtre de Bellevile jusqu’au 31 décembre 2011
L’Ecume des jours d’après Boris Vian
La jeunesse même
On a fêté en 2009 le cinquantenaire de la mort de Boris Vian, de ce jour terrible où son cœur essoufflé par le jazz des folies et des tourments cessa de fonctionner avec 39 ans au compteur. Et le mouvement impulsé n’en finit pas de tourner ! Tous les jeunes lisent les livres de Vian et écoutent ses chansons. Mais on ne monte plus ses pièces qui sont pourtant de petites bombes aussi anti-militaristes que les paroles du Déserteur ou On n’est pas là pour se faire engueuler. La jeune compagnie La Bouée a préféré adapter au théâtre le roman L’Ecume des jours. On la comprend car la destinée du jeune Colin qui passe de l’insouciance à l’amour et à la crainte d’être privé de son amour est exemplaire par la justesse de ses sentiments et ses dérapages oniriques. Le metteur en scène Béatrice de La Boulaye lâche six acteurs et un pianiste-bruiteur dans un décor de grands cubes de couleur où une énorme bulle de plastique va pousser les comédiens dans une danse de vie et de mort. Ces interprètes, un peu frêles, sont peu à peu emportés par la démence généreuse de la mise en scène. C’est la jeunesse même, et un spectacle dont l’éclat joyeux rejoint ce que disait le grand Boris : « Il y a seulement deux choses : c’est l’amour, de toutes les façons, avec des jolies filles, et la musique de La Nouvelle Orléans ou de Duke Ellington. Le reste devrait disparaître, car le reste est laid, et les quelques pages qui vont suivre tirent leur force du fait que l’histoire est entièrement vraie, puisque je l’ai imaginée d’un bout à l’autre. »
L’Ecume des jours de Boris Vian, adaptation de Judith Davis (lauréate du prix CNT 2008 pour l’adaptation de L’Ecume des Jours), mise en scène Béatrice de La Boulaye, avec Blandine Bury, Hubert Delattre, Cindy Doutres, Romain Vissol, Nicolas Guillot, Marie Hennerez, piano et bruitage de Pierre Gascoin. Théâtre de Belleville, tél. : 01 48 06 72 34, jusqu’au 31 décembre. (Durée : 1 h 30).