Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée de Musset
Transposition burlesque
IC’est par les disputes que commencent les plus belles histoires d’amour. Du moins est-ce vrai au théâtre et au cinéma. Musset, comme tant d’aut a aimé jouer avec ces conflits d’amoureux qui s‘ignorent ou qui se trompent sur les sentiments masqués de leur partenaire. Le titre du « proverbe », dont Matthias Fortune Droulers et Anne-Sophie Liban nous donnent une version furieusement modernisée, est parfait : le jeune comte venu rendre visite à la jeune mrquise a sans cesse envie de prendre la porte tant le ton monte entre eux ; pourtant la porte se refermera sur leur amour avoué, ils ne se quitteront plus, tant que la passion les poussera l’un vers l’autre.
Qu’on ne s’attende pas à retrouver la grâce romantique qu’avait la même pièce au Studio de la Comédie-Française dans la mise en scène de Laurent Delvert. Tout ici est un peu mis de guingois. Nous sommes dans un loft peu gracieux. Un vélo est posé derrière les fauteuils. Le comte porte un bonnet orange sur la tête et ne tarde pas à se débarrasser de son manteau pour mieux débattre en marcel, les épaules nues. La comtesse arbore une tête de léopard sur son T-shirt bleu électrique, une mini-jupe allonge ses longues jambes. Les deux personnages s’étreignent et se repoussent comme dans un film burlesque et se déhanchent le temps d’un rock fugitif. Le spectacle fait très sortie de conservatoire ou de cours d’art dramatique : admirez l’insolence de notre génération, notre art de transformer des vieilleries en folies d’aujourd’hui, semblent dire Matthias Fortune Droulers et Anne-Sophie Liban qui jouent eux-mêmes leur mise en scène et ont les moyens de leur ironie iconoclaste. Ils sont drôles, plaisants, sensuels et vifs. Mais monter Musset dans l’infini de ses troubles, c’est autre chose…
Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée d’Alfred de Muuset, mise en scène de Matthias Fortune Droulers et Anne-Sophie Liban, avec Anne-Sophie Liban et Matthias Fortine Droulers, en alternance avec Katia Miran et Vladimir Perrin.
Le Lucernaire, 21 h, tél. : 01 45 44 57 34, jusqu’au 18 août. (Durée : 1 h 15).
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