Paris, Théâtre de la Tempête
Exposition d’une femme, Lettre d’une psychotique à son analyste, d’après Blandine Solange
Art et folie
Ce curieux spectacle de Philippe Adrien fait partie d’un étrange diptyque dont on peut voir les deux volets séparément : l’excellente Belle du Seigneur d’après Albert Cohen jouée par Roxane Borgna (à 19 h 45) et cette dérangeante Exposition d’une femme d’après Blandine Solange (à 21 h ). D’un côté l’amour fou, de l’autre, une folie sexuelle. Blandine Solange fut une peintre et un écrivain d’origine ouvrière, qui se donna la mort en l’an 2000, âgée de 43 ans. Fascinée par Egon Schiele auquel elle se croyait un peu supérieure, elle a raconté dans son unique livre la passion folle qu’elle avait pour l’organe sexuel des hommes. Elle demandait à des inconnus de poser pour elle et les représentait nus, souvent le sexe dressé, mêlant dans son atelier l’acte artistique et l’acte intime.
Philippe Adrien a conçu un moment audacieux, cru, choquant, comme on n’ose plus le faire. L’actrice, Marie Micla, nerveuse, énergique, troublante, joue le plus souvent nue et se couvre de coulées de peintures de différentes couleurs. Comme elle s’adresse à son analyste, celui-ci est interprété par Patrick Démerin qui, malheureusement, a peu de choses à faire : on n’a pas les textes du psy, et celui-ci est une présence souvent muette. Après Bug, Adrien poursuit là sa longue aventure théâtrale qui renoue allègrement avec une intrépidité oubliée.
Exposition d’une femme, Lettre d’une psychotique à son analyste, d’après Blandine Solange (Inoculez-moi encore le sida et je vous donne le nom de la rose, Grasset), adaptation de Dominique Frischer, version scénique et mise en scène de Philippe Adrien, avec Marie Micla et Patrick Démerin, scénographie et accessoires d’Elena Ant, lumières de Pascal Sautelet, vidéo d’Olivier Roset, musique et son de Stéphane Gibert. Théâtre de la Tempête, cartoucherie de Vincennes, tél. : 0143 28 36 36, 21 h, jusqu’au 16 décembre.
Photographie Alexandre Leguay