Portraits – Opéra & Classique

Eva Kleinitz, nouvelle directrice de l’Opéra National du Rhin

Un dynamisme au féminin venu de l’autre côté du Rhin

 Eva Kleinitz, nouvelle directrice de l'Opéra National du Rhin

Blonde, un regard bleu qui sonde en direct et un sourire qui met en appétit, Eva Kleinitz prendra le 1er septembre 2017 la direction très enviée de l’Opéra National du Rhin.

Durant l’été 2016, Marc Clémeur, en place à ce poste depuis sept années, annonçait qu’il se retirerait avant le terme de son mandat. Depuis cette date et malgré le revirement du patron qui finalement décida de poursuivre ses tâches jusqu’à leur échéance et ses 65 ans, les candidatures se sont pressées aux portes de la municipalité et du ministère de la culture. Leur choix au final étonna car il se porta sur une personnalité peu connue en France, une femme venue de l’autre côté du Rhin, une grande pro du monde de la musique en Allemagne et qui, ici, pour la première fois, prend à part entière, les rênes d’une direction d’envergure.

A 44 ans, présidente d’Opera Europa, directrice adjointe de l’Opéra de Stuttgart, elle a épaulé, côtoyé la crème des chefs d’orchestre et metteurs en scène d’Europe. Au Festival et à l’Opéra de Bregenz, à la Monnaie de Bruxelles, elle travailla avec Jérôme Savary qui lui laisse un souvenir attendri, Robert Carsen, David Pountney, Pierre Audi, Francesco Zambello, Deborah Warner, Krzysztof Warlikowski, Calixto Bieito, bref tous ceux qui, durant les dernières décennies, ont fouetté, rajeuni, dérangé, l’art de convertir en spectacle une œuvre lyrique. Et aussi ceux qui, dans les fosses, avec ou sans baguette, ont insufflé des bouffées printanières aux musiques qu’ils dirigent, René Jacobs, Sylvain Cambreling, Marc Minkowski, Kazushi Ono, Jérémie Rohrer, Christophe Rousset, Michael Schönwandt, Hartmunt Haenchen. Auxquels on peut ajouter les chorégraphes phare comme Sasha Waltz ou Ann-Teresa de Keersmaeker.
Eva Kleinitze aime bouger, découvrir et s’imprégner de parfums et de cultures de pays lointains. Comme le Japon dont elle a appris la langue et où elle se rend régulièrement depuis une douzaine d’années pour y enseigner et animer des ateliers musicaux de l’université de Shinjurigaoka dans le Kanagawa.

Ce goût des ailleurs, elle compte bien le glisser dans les programmes de la maison strasbourgeoise. Chaque année, chaque saison aura une nation en invité au cœur d’un festival « Arsmondo » de printemps. « Afin, précise-t-elle, de créer des échanges et inventer des formes nouvelles ». Et c’est le Japon qui tout naturellement sera appelé le premier avec Le Pavillon d’Or de Toshiro Mayuzumi.

Sa nomination tardive ne l’a pas empêchée de parsemer sa première saison d’œuvres et de personnalités à découvrir et de donner leur chance aux femmes compositeur – Sophie Kassies - metteurs en scène – Tatjana Gürbaca - ou chefs d’orchestre – Ariane Matiakh. Son féminisme agit sur la réalité des talents.

Le démarrage en septembre se fera en concerts et en une création lyrique avec Kein Licht de Philippe Manoury une production née à l’initiative de l’Opéra Comique de Paris (voir WT 4828du 20 octobre 2015). « Je n’ai pas eu le temps, explique-t-elle, pour cette première saison de passer moi-même une commande de création et je me suis tournée vers cette première mondiale programmée par la Ruhrtriennale et par Musica, le festival strasbourgeois de musiques d’aujourd’hui ».

L’Opéra de Strasbourg dévoilera donc dès le 22 septembre le nouvel opus lyrique que Manoury a conçu à partir de textes de l’autrichienne Elfriede Jelinek, prix Nobel de littérature. A Paris, la salle Favart l’accueillera à partir du 18 octobre.

Mozart – Nozze di Figaro -, Zandonai – Francesca di Rimini -, Massenet – Werther -, Schönberg et Weill – Pierrot Lunaire/Les sept péchés capitaux –et Tchaïkovski – Eugène Onéguine -, égrèneront une première saison hâtive mais subtilement équilibré.

« Je n’attends rien pour moi, confie Eva Kleinitz, je veux simplement communiquer au public comme aux artistes le goût du partage ».

A propos de l'auteur
Caroline Alexander
Caroline Alexander

Née dans des années de tourmente, réussit à échapper au pire, et, sur cette lancée continua à avancer en se faufilant entre les gouttes des orages. Par prudence sa famille la destinait à une carrière dans la confection pour dames. Par cabotinage, elle...

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