Paris, Etoile du nord
Dans la solitude des champs de coton de Bernard-Marie Koltès
Des hommes et des chiens
Un certain nombre de petites équipes cherche et trouve de nouvelles voies pour monter les pièces de Bernard-Marie Koltès. Pour cet auteur nous sommes rentrés dans l’après-Chéreau, ce qui est très intéressant car l’ancien patron de Nanterre a toujours préféré une vison opératique, volontiers démesurée, défiant le temps et l’espace en beauté mais s’éloignant d’une certaine simplicité inscrite dans l’œuvre même. On ne s’en intéressera que davantage à la mise en scène de Dans la solitude des champs de coton que propose à Paris Jean-Pierre Brière après l’avoir créée en Normandie pour sa compagnie Méga Pobec.
Atmosphère de souterrain en ruine, sol nu, lumière rasante. Deux chiens attendent, comme placés par des vigiles invisibles. Le dealer et le client entrent dans le dialogue mystérieux de Koltès : on ne sait jamais exactement de quel marché ils discutent (drogue ? corps ? querelle spirituelle ? tout cela à la fois ), on ne sait jamais non plus qui va l’emporter. Les arguments tournoient. Il n’y aura pas de vainqueur ou de vaincu, sinon dans l’esprit de chaque spectateur.
La mise en scène de Brière fait le plus souvent parler les deux hommes en parallèle. Ils sont rarement au même point de l’espace. Dans le même instant, ils se cherchent et ils se fuient. C’est ce qui est très beau dans ce spectacle où Jean-Pierre Brière incarne le dealer dans l’épaisseur et la fausse placidité et où Bruno Debrandt joue le client dans la mobilité et l’intensité. Ainsi ces deux excellents interprètes et cette mise en scène sous tension donnent-ils à la pièce une résonance forte et immédiate, où la tendresse affleure sous le désespoir.
Dans la solitude des champs de coton de Bernard-Marie Koltès, mise en scène de Jean-Pierre Brière, scénographe de Pascale Mandonnet, costumes de Pascale Barret, maître-chien Jean Gallego., avec Bruno Debrandt, Jean-Pierre Brière, Jean-François Michel. Étoile du Nord, tél. : 01 42 26 47 47, jusqu’au 28 février. (Durée : 1 h 30).