Ambivalence(s)

Le festival de Valence marche sur deux jambes

Ambivalence(s)

Attention, édition unique ! Les habitants de Valence et de la région ont la chance d’avoir une version de leur festival - subtilement intitulé « Ambivalence(s) » ! - tout à fait exceptionnelle. Car, comme si passait une comète, deux manifestations s’additionnent avant que l’une d’elles ne s’en aille dans une autre ville la saison prochaine. « Ambivalence(s)  » existe en tant que rendez-vous régulier, consacré au thème de la ville, dans le chef-lieu de la Drôme, sous la houlette du directeur du Centre dramatique, Richard Brunel. « Scènes Grand Ecran » est un festival qui change de cité chaque année et vise à rapprocher les regards sur les objets théâtraux et les objets filmiques. Ces deux événements se conjuguent, ce mois-ci, en un seul grand moment à Valence, grâce à la collaboration de « Scènes Grand Ecran », du Centre dramatique, de la Scène nationale Lux et du Centre national du théâtre, qui n’a pas à proprement parler une fonction de producteur mais soutient l’opération avec une subvention inférieure à 50 000 euros. Amour du théâtre et cinéphilie sont deux passions qui sont communes à bien des metteurs en scène et des spectateurs. Richard Brunel en est un exemple : il prépare un opéra tiré du film de Mizoguchi, Les Contes de la lune vague après la pluie – dont il n’a pas encore réuni le montage financier. Pas étonnant qu’il dirige un festival qui, cette année, marche sur deux jambes, le concret du théâtre et le virtuel de l’image.

Le rôle du Centre national du théâtre dans la conception et la production de cette aventure est une chose étonnante. A l’origine, il y a la personnalité d’une des responsables du CNT, Cécile Hamon. C’est elle qui a créé « Scènes Grand Ecran ». « Venant du SYNDEAC (le syndicat des directeurs du secteur subventionné) et entrant au CNT (Centre national du théâtre), je découvrais que les directeurs ne connaissaient guère cet organisme, raconte-t-elle. J’ai imaginé ce festival pour que les artistes découvrent nos possibilités du point de vue des ressources et pour rendre au CNT une dynamique artistique. Reconsidérer les arts de la scène en passant par le cinéma n’est pas très coûteux. Ce fut un succès immédiat. La manifestation fait des émules tout au long de l’année. Cette année, la collaboration avec Richard Brunel a beaucoup apporté. Nous avons la même préoccupation des auteurs. Cela a permis le travail avec Emilie Valentin. Celui aussi avec Mariette Navarro, dont nous suivons les nouvelles pièces à l’intérieur de l’Aide à la création et qui va faire un travail singulier d’écriture au plateau d’après l’Emma Bovary de Flaubert. Nos volontés sont de décaler le regard, faire bouger les spectateurs et emmener les comédiens dans d’autres sphères de l’espace public. »

On ne va pas s’ennuyer à Valence. Sur le thème d’Une chambre en ville, on pourra voir des mini-spectacles dans des chambres d’hôtel et un parking d’hôtel. Des pièces ont été commandées à des auteurs français et étrangers ou à la Coopérative d’écriture : Lancelot Hamelin, Penelope Skinner, Natacha de Pontacharra, Nathalie Fillion… D’autres écrivains, tels Marie Nimier ou François Bégaudeau, ont écrit à partir de certaines marionnettes d’Emilie Valantin et la reine moderne du théâtre de pantins, d’ailleurs installée dans la Drôme, créera Le Castelet des scriptophages. L’Agence nationale de psychanalyse urbaine, une officine peu homologuée par les instances médicales, aura fait parler les habitants pour s’interroger en public sur « Le Cas Drôme-Ardèche ». Il y aura, projetés en plein air, des courts métrages et de grands films : King Kong, un film fleuve de Bollywood (attention, il dure trois heures ! ). Le photographe Denis Darzacq a photographié des comédiens et des danseurs en pleine ville pour constituer une exposition, Joueurs, où le geste théâtral ou chorégraphique est repris et donné dans le contexte urbain. Un grand bal conclut l’événement. Ainsi se valident à Valence les arts du voir, en vive ambivalence !

Ambivalence(s), Valence (Drôme), 31 mai - 6 juin, Comédie de Valence, tél : 04 75 78 41 70.
L’exposition Joueurs est présentée jusqu’au 30 juin à la Bourse du Travail.

Photo 1 : Jean-Louis Fernandez
Photo 2 : Denis Darzacq

A propos de l'auteur
Gilles Costaz
Gilles Costaz

Journaliste et auteur de théâtre, longtemps président du Syndicat de la critique, il a collaboré à de nombreux journaux, des « Echos » à « Paris-Match ». Il participe à l’émission de Jérôme Garcin « Le Masque et la Plume » sur France-Inter depuis un quart...

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