14/18 Le Temps de nous aimer de Thierry Secretan
Guerre et amour
Dans la foule des spectacles qui prennent pour thème la guerre de 14-18, celui-ci – dont la tournée s’achève et dont on espère une reprise – a une valeur particulière. Il traite à la fois de cet horrible conflit et d’une peu banale histoire d’amour. Une histoire vraie dont Thierry Secretan a retrouvé les éléments dans son grenier familial et dont il a publié les principaux épisodes sous forme de correspondance. En août 1914, un homme âgé de 62 ans dit à son fils : ’Si tu pars à la guerre, je m’engage ». Les deux hommes font donc la guerre en parallèle, près l’un de l’autre, pendant quatre ans, sur le front de Verdun de la somme et du chemin des Dames. Ils s’écrivent et ils écrivent à la femme du jeune homme, car le combattant le plus âgé tombe amoureux de l’épouse de son fils. Mais cela ne crée par de rupture. Au contraire, ce trio fait bloc dans l’adversité. Ils survivront tous trois, les deux soldats reviendront à la vie civile.
Patrick Pineau a conçu un spectacle pour un seul acteur. Il placé Vincent Winterhalter dans un angle où deux panneaux restent blancs ou s’imprègnent parfois d’images sépia de ces années-là. Sur un bureau, il y a des lettres, des papiers, des cartons. L’acteur puise là-dedans. Le récit se forme et se recoupe peu à peu. Voix douce, parfois voix coléreuse (mais rarement), Winterhalter avance dans cette triple histoire avec une infinie sensibilité. Belle présence de grand comédien ! La mise en scène de Pineau amplifie l’atmosphère de la confidence avec des moyens très économiques et se garde donner de trop d’importance aux images qui passent et s’effacent. Sans conteste, l’un des meilleurs spectacles, et l’un des plus inattendus, consacrés à) cette fichue guerre de 14.
14/18 Le Temps de nous aimer de Thierry Secretan, mise en scène de Patrick Pineau, scénographie de Patrick Pineau et François Corbal, lumière de Christian Pinaud, musique et création sonore de Nicolas Daussy, son de Jean-Yves Bodier, vidéo de Charles Loisy, avec Vincent Winterhlater.
Le Rayon vert, Saint-Valéry-en-Caux, tél. : 02 35 97 25 41, jusqu’au 12 décembre.
Photo Frank Berglund.