Du 27 février au 31 mars au 13 E Art

Un homme qui boit rêve toujours d’un homme qui écoute

Un dialogue plein d’humanité par deux artistes qui nous font croire à l’avenir.

Un homme qui boit rêve toujours d'un homme qui écoute

Mostaganem résonne des sons de la trompette en liberté de Pierre, musicien français fou de joie de pouvoir jouer sans retenu, sans sourdine loin de son petit appartement parisien. Il doit ce luxe à son ami Zireg, qui lui a ouvert sa maison d’enfance. Les deux amis dansent pour ces retrouvailles. Ils boivent du vin. Quoi de plus naturel pour le français ! Pour l’algérien, cette dégustation a quelque chose de diabolisée, d’interdit. Zireg est un auteur célèbre quoi que contesté. Ses chroniques sont lues, non seulement dans tout le Maghreb mais dans le monde entier. Les deux amis dansent, boivent, mangent la cuisine délicieuse concoctée par la femme de Zireg. L’amitié passe par le partage des plats, par la dégustation d’un bon vin et par l’échange d’idées et de point de vu. Leur vie et leur vision d’un monde sont différentes, alors forcément ils se heurtent, s’égratignent, car ils se parlent sans tabou, en toute franchise même si parfois ils se fâchent un peu pour à nouveau se jeter dans les bras l’un de l’autre.
La place de la femme est au cœur de bien de leur conversation. Celle qui chante, celle qui se baigne, celle qui fait du jogging, celle qui se promène seule risque de se faire battre, d’être mise au piloris. Pauvre femme dont le corps ne lui appartient pas, un corps qui est un « champ de bataille », un corps diabolisé. Où seriez-vous sans les femmes ?
Même en France, il faut se battre pour que les femmes soient respectées, et libres de leurs gestes.
Zireg rend visite à son ami à Paris. Là, danser dans les rues pieds nus est un peu compliqué. Déguster du vin, grignoter, les deux amis partagent en toute complicité leur rituel, même si la méchouia n’a pas le même goût !
Zireg et Pierre sont des artistes, lorsqu’ils dansent, ils sont habités par une grâce infinie. Les mots de Zireg sont puissants, « Toutes les langues sont des nuances d’un seul feu… »
Denise Chalem, à qui l’on doit « A cinquante ans elle découvrait la mer », et « Dis à ma fille que je pars en voyage » nous offre une pièce inspirée des chroniques de Kamel Daoud publiées au Point mais cette pièce est plus intime que l’on pourrait croire au premier abord. Née en Egypte, elle a une mémoire pleine d’odeur, de saveur, de chant et de ce partage autour d’un plat qui cimente les amitiés. Elle a eu l’idée formidable de proposer à l’immense musicien Ibrahim Maalouf d’être comédien et elle a ciselé le rôle de Pierre pour lui. On s’attendait à ce qu’il endosse le rôle de Zireg, l’algérien, et il est Pierre, le parisien. Thibault de Montalembert est un comédien supérieur, il trouve dans ce rôle une grâce de danseur aux pieds nus charismatique, enjôleur qui fait passer une humanité dont nous avons tellement besoin. La femme qui au cœur des conversations et des débats est joué par Sarah-Jane Sauvegrain, toujours à sur le qui-vive.
La mise en scène signée par Denise Chalem joue de l’espace, un sol de sable, des troncs d’arbre, un piano voyageur servant de bar, un fauteuil accueillant les confidences et le linge qui flotte au vent pas si léger que cela. C’est très beau.
Un homme qui boit rêve toujours d’un homme qui écoute, et la salle rêve de danser avec eux.

Un homme qui boit rêve toujours d’un homme qui écoute
De Denise Chalem inspirée des chroniques de Kamel Daoud,
Mise en scène de l’auteur, avec Thibault de Montalembert, Ibrahim Maalouf, Sarah-Jane Sauvegrain,
Du 27 février au 31 mars au 13 E Art (place d’Italie)
0148 38 53 53
Le texte est édité à l’Avant-scène théâtre

A propos de l'auteur
Marie-Laure Atinault
Marie-Laure Atinault

Le début de sa vie fut compliqué ! Son vrai nom est Cosette, et son enfance ne fut pas facile ! Les Thénardier ne lui firent grâce de rien, théâtre, cinéma, musée, château. Un dur apprentissage. Une fois libérée à la majorité, elle se consacra aux...

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