MC93 de Bobigny du 24 au 30 juin 2010

Mirandolina de Bohuslav Martinu

L’Atelier Lyrique de l’Opéra National de Paris toujours en verve

Mirandolina de Bohuslav Martinu

Il y a un an, l’Atelier Lyrique de l’Opéra National de Paris, en complicité avec les jeunes musiciens de l’Orchestre-Atelier OstinatO présentait à Bobigny un Mariage Secret de Cimarosa délicieusement bouffon. Les voilà de retour sur la même scène pour cette fois révéler un opéra comique totalement méconnu du compositeur tchèque Bohuslav Martinu (1890-1959).

En 2002, le Palais Garnier faisait découvrir sa Juliette ou la clé des songes, un voyage poétique surfant entre fantasmes et réalités. Mirandolina composé en toute fin de vie se situe comme le Falstaff de Verdi dans la maturité d’un art maîtrisé que vient griser un désir de légèreté. Œuvre testament toute en sourires, elle n’avait jamais été présentée en France. Martinu s’y tourne vers la commedia dell’arte et vers celui qui en couronna l’aboutissement, Goldoni et sa coquine hôtelière Locandiera. Elle change de prénom devient Mirandolina mais non de stratégie pour mettre à ses pieds les hôtes masculins de son auberge, surtout celui autoproclamé ennemi des femmes qui lui résiste.

Avec trois ténors, deux barytons, une soprano et deux mezzo, la farce tourne autour de ces voix et leur réserve quelques superbes numéros, en solo, duos et quatuors. Olivia Deray, pensionnaire de l’Atelier Lyrique depuis 2009, a la grâce féline de la séductrice en titre même si elle ne sait pas encore trop bien s’en servir, la voix est bien placée, claire et colorée avec des aigus charnus. Ténor romantique, Stanislas De Barbeyrac, son employé et amant de cœur, fait le jaloux. Vincent Delhoume (ténor) comte plein aux as qui en jette tant qu’il peut se chamaille avec Damien Pass (baryton basse) marquis fauché énamouré. Le chevalier misogyne qui croque la gent féminine en général puis craque pour celle-ci en particulier, a l’aisance, le bagout et le timbre d’ombre du baryton Alexandre Duhamel. Les deux comédiennes qui se font passer pour des dames sont enlevées à la blague par les mezzos Carol Garcia et Aude Extrémo. Manuel Nunez Camelino, s’électrise en serviteur plus rapide que son ombre.

Des voix pleines de promesses, de jolies présences qui auraient gagné à être soutenues par une plus fine direction d’acteurs. Le Britannique Stephen Taylor leur assure une mise en place astucieuse dans le décor à tiroirs de Laurent Peduzzi – porte d’entré à tourniquet, porte à battants vers les communs, portes amovibles pour les chambres… - mais les laisse un peu errer dans les rapport des personnages.

La partition de Martinu prend son véritable élan dans la deuxième partie où ses valses et ses marches en panachent les couleurs et les rythmes. Sous la direction enjouée de Marius Stieghorst les musiciens de l’Orchestre-Atelier OstinatO font pétiller sa musique où le genre de l’opéra comique taquine de près celui de l’opérette.

Mirandolina de Bohuslav Martinu d’après La Locandiera de Goldoni. Solistes de l’Atelier Lyrique de l’Opéra National de Paris, direction Christian Schirm. Mise en scène Stephen Taylor. Orchestre-Atelier OstinatO, direction Marius Stieghorst.

MC93 de Bobigny les24, 26, 28 & 30 juin à 20h

Réservations : 01 41 60 72 72

© Opéra national de Paris / Mirco Magliocca

A propos de l'auteur
Caroline Alexander
Caroline Alexander

Née dans des années de tourmente, réussit à échapper au pire, et, sur cette lancée continua à avancer en se faufilant entre les gouttes des orages. Par prudence sa famille la destinait à une carrière dans la confection pour dames. Par cabotinage, elle...

Voir la fiche complète de l'auteur

Laisser un message

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

S'inscrire à notre lettre d'information
Commentaires récents
Articles récents
Facebook