Opéra National de Paris - Bastille

Les contes d’ Hoffmann

Une mise en théâtre qui n’a pas pris une ride

Les contes d' Hoffmann

En mars 2000, le metteur en scène canadien Robert Carsen proposait à l’Opéra Bastille sa vision des Contes d’Hoffmann de Jacques Offenbach. Sept ans plus tard, ses partis pris n’ont pas pris une ride. On retrouve avec plaisir les jeux de miroir du théâtre dans le théâtre qui griffent la plupart de ses réalisations. Sa mise en abyme du désir continue d’épouser comme un gant les formes de l’ultime opus lyrique d’Offenbach. Revoilà donc les coulisses et un bout du plateau de l’opéra où se produit Stella, dernière lubie amoureuse de ce pauvre Hoffmann qui noie dans le vin les déconvenues de son cœur.

Surgissant du sol, le bar où Hoffmann raconte ses mésaventures, le cabinet de Lindorf et sa chose, Olympia la poupée tentatrice qui se désarticule, le théâtre en coupe et les pupitres vides où Antonia succombera à la jouissance de chanter, l’effet chaloupé des rangées de fauteuils d’orchestre qui tanguent au rythme de la Barcarolle de Giuletta...

Humour à fleur de moustache

Les aléas récurrents des gosiers étoilés engagés pour les premiers rôles ont une fois de plus abouti le soir de la première à la défection simultanée du ténorissimo Rolando Villazon et de la soprano Patricia Petitbon. Le slovène Janez Lotri_ qui avait déjà chanté Hoffmann en alternance il y a sept ans, arrivé le jour même, remplaça pour ainsi dire au pied levé le ténor défaillant. Et fit merveille. Souplesse vocale, bonne diction, souplesse physique d’une rondeur élastique, jeu délié et humour à fleur de moustache, il composa un poète plus attendrissant que séducteur et fut à juste titre ovationné.

De même pour la coréenne Sumo Jo qui elle aussi connaît son Olympia jusqu’aux aigus célestes et aux déhanchements extravagants de marionnette. Franck Ferrari, avec un aplomb sans surprise mais allant grandissant de diable en diable, endossa les défroques et les maléfices de ses quatre Satan de carnaval. Annette Dasch, émouvante Antonia, Nancy Fabiola Herrera en Giuletta super vamp échappée d’Hollywood, Alain Vernhes en Crespel croustillant, ont complété une distribution d’une belle homogénéité. Dans la fosse en revanche, l’orchestre sous la pâle direction de Marc Piollet peine à s’accorder à l’action et à allumer les pépites de l’or offenbachien.

Les Contes d’Hoffmann de Jacques Offenbach, Orchestre et Chœurs de l’Opéra National de Paris, direction Marc Piollet, mise en scène Robert Carsen, décors & costumes Michael Levine, lumières Jean Kalman. Avec Janez Lotri_ (ou Rolando Villazon), Ekaterina Gubanova, Franck Ferrari, Sumi Jo (ou Patricia Petitbon), Annette Dasch, Nancy Fabiola Herrera, Alain Vernhes...
 Opéra Bastille, les 25,30 janvier, 3,7,10,13,15 février à 19h30
 Tel : 0 892 89 90 90

Photo : Eric MAHOUDEAU / Opéra national de Paris

A propos de l'auteur
Caroline Alexander
Caroline Alexander

Née dans des années de tourmente, réussit à échapper au pire, et, sur cette lancée continua à avancer en se faufilant entre les gouttes des orages. Par prudence sa famille la destinait à une carrière dans la confection pour dames. Par cabotinage, elle...

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