30 ème Nuit des Molières - 28 mai 2018

De notre envoyée spéciale Marie-Laure Atinault

30 ème Nuit des Molières - 28 mai 2018

La cérémonie des Molières est la grande fête du Théâtre Public et Privé Mano dans la Mano.

La salle Pleyel accueille cette année les membres de l’Académie. La pluie s’est invitée pour forcer les invités à rejoindre leurs places rapidement. La cérémonie sera diffusée à 23 heures sur France télévisions.
Dans le hall surchauffé de la salle Pleyel, on croisse les nommés. Isabelle de Botton nommée dans la catégorie comédienne dans un second rôle, porte une robe en lamée, son metteur en scène Jean-Philippe Daguerre, le grand favori de la soirée a fière allure dans son smoking et ne boude pas sa joie d’être là.

Pour ce trentième anniversaire la maîtresse de Cérémonie est une femme, la spirituelle Zabou Breitman. En faisant des petits cœurs avec ses mains, elle nous le certifie cette soirée sera mise sous le règne de l’amour. Zabou évoque sa mère, la comédienne Céline Léger. Cette canadienne venue en France suivre des cours de comédie. Zabou lui rend hommage en disant des vers avec l’accent québécois. Pour toute une génération elle est la fiancée de Thierry La Fronde.
Elle se jette avec une troupe exclusivement féminine dans un hip hop déchaîné.
La remise des prix commence avec le Molière du comédien dans un second rôle
Car il ne faut pas de temps mort pour cette soirée où l’on doit respecter le timing de la télévision.

 Franck Desmedt, reçoit le Molière du comédien dans un second rôle pour son interprétation du nazi Otto Abetz dans Adieu Monsieur Haffmann, de Jean-Philippe Daguerre, mise en scène Jean-Philippe Daguerre. Franck Desmedt est impressionnant dans ce rôle. Il n’oublie pas de rappeler aux membres de l’honorable assistance qu’ils peuvent tous venir au théâtre de la Huchette dont il est le directeur !

Le Molière de la comédienne dans un spectacle de Théatre Public est remis par Isabelle Carré et Dominique Pinon.

Marina Hands est récompensé pour sa puissante composition dans la pièce de Pascal Rambert Actrice, elle évoque sa première participation aux Molières et comment Isabelle Carré est venue la prendre par la main pour la présenter. C’est cela aussi le théâtre, la transmission.

Cette année pas de Molière d’honneur, mais tout compte fait, lorsque Michael Lonsdale entre en scène, donnant le bras à Rebecca Marder pour décerner le Molière du jeune Public, toute la salle se lève pour un standing ovation spontané. Ce sera d‘ailleurs le seul de la soirée.

Le Molière du jeune Public est décerné à Joël Pommerat pour Le petit Chaperon rouge. Le premier Molière de la soirée pour l’un des grands gagnants.

Le Molière de la comédienne dans un second rôle est décerné à Christine Murillo pour Le Tartuffe d’un certain Molière mis en scène par Michel Fau. La comédienne est une habituée des Molières mais sa joie et son enthousiasme sont communicatifs. Son discours de remerciements ponctué de « Ah bah tant pis ! » nous fait bien rire. Elle a mot pour Jean-Paul Roussillon, son maître, qui la dirigea à la Comédie Française. Elle nous apprend que Michel Fau est une Fée. Nous regrettons qu’il ne soit pas là en costume de fée !
Le Molière de la révélation masculine est attribué à Rod Paradot dans Le Fils de Florian Zeller. Sa joie irradie. Après le César du meilleur espoir pour le film d’Emmanuelle Bercot La Tête Haute.
« Je vis un truc de ouf ! J’ai passé une audition il y a cinq mois…..Je vous fais de gros bisous. »
Dans les discours nous avons aimé l’émotion de Julie Cavanna, Molière de la révélation féminine, dans Adieu Monsieur Haffmann, qui vit comme les autres protagonistes de cette pièce, événement un vrai rêve.

Molière du comédien dans un spectacle de Théâtre Public

Jacques Gamblin qui avait préparé un discours et ne veut pas le lire mais le regarde comme un écolier consulte une antisèche : Merci est trop petit !
Blanche Gardin a fait un caprice, elle voulait remettre le Molière de la catégorie dans laquelle elle nommée, à savoir le Molière de L’humour, amateur de la tiédeur et du politiquement correcte s’abstenir. Blanche Gardin s’autorise tout, elle déclare à Jérôme Commandeur qu’il n’a aucune chance car il n’appartient à aucune minorité visible.

Emotion avec Raphaël Personnaz qui reçoit le Molière du Seul en scène pour « Vous n’aurez pas ma haine » d’après l’émouvant texte d’Antoine Leiris.

Jean-Pierre Darroussin reçoit le Molière du comédien dans un spectacle de Théâtre Privé pour son rôle dans « Art » de Yasmina Reza. Il aura un mot pour ses partenaires mais également pour toute l’équipe du théâtre Antoine, de l’habilleuse aux guichetiers. Dans l’un des intermèdes, nous l’avons beaucoup aimé dans un texte de Victor Hugo.
La grande Ariane Mnouchkine et son théâtre du Soleil seront honorés par deux Molières. Ce n’est que justice puisque l’an passé « Une Chambre en Inde » oublié dans l’opuscule des Molières.
Le Molière du Metteur en scène d’un spectacle de Théâtre Public, pour ce génie de la scène est comme une évidence. Shaghayegh Behesti, comédienne du théâtre du Soleil, vient prendre le Molière, elle nous dit que « cela fait 54 ans jour pour jour que Ariane fait du théâtre ». Une statuette, comme cadeau d’anniversaire pour cette reine du Soleil, ce n’était pas assez, alors elle reçoit en plus le Molière de la Création Visuelle. Un beau cadeau. Une partie de la troupe monte sur scène pour nous dire des textes qui tiennent à cœur Ariane. Une belle photo d’anniversaire pour Ariane Mnouchkine et cette magnifique Chambre en Inde.

Jean-Philippe Daguerre est l’homme des Molières, après un record de 10 nominations, sa pièce « Adieu, monsieur Haffmann » est récompensée par cinq Molières. Recevoir un Molière pour un auteur francophone vivant : « C’est mon auteur préféré et je préfère recevoir un Molière plutôt qu’un Corneille ou un Rostand ! »
Une belle reconnaissance pour cet artisan du théâtre qui nous offre régulièrement des spectacles toniques et qui nous a tellement émus avec « Adieu Monsieur Haffmann ».

La soirée a été ponctuée de sketches plus ou moins réussis. Il faut dire que Zabou Breitman n’a eu que deux mois pour préparer la soirée. Le hip hop d’ouverture est très réussi. Les totos de la Comédie Française sont très amusants et nous aimerions les retrouver ! La chorale façon les Compagnons de la Chanson tombe à plat, de même que les extraits de déclamation de Jeanne Moreau ou Robert Hirsch sont ratés. Par contre, Judith Chemla et Serge Bagdassarian, sociétaire de la Comédie Française chantent L’Envie d’aimer, la chanson phare des Dix commandements. L’Envie d’aimer devient une comédie musicale décalée avec un karaoké et un chœur étonnant, la chorégraphie ne ménage pas Judith Chemla. Une réussite.

Par contre, les couacs techniques s’enchaînent. Pourquoi le micro sur scène, ne sera jamais réglé à la bonne hauteur selon les lauréats ??? Pourquoi aucun extrait ou affiche ne sera diffusé sur scène au lieu d’avoir l’image du Molière, avec une pluie dorée ? Pourquoi à l’annonce du nom des nommés ne sont-ils pas présentés par une vidéo sur scène. Les spectateurs devront attendre une heure trop tardive pour regarder cette grande fête du théâtre. Jean-Marc Dumontet, le président des Molières qui doit faire ses remerciements d’usage salut la Ministre de la Culture Françoise Nyssen, qui fête sa deuxième participation à la soirée, semble conjurer le sort sur les ministres à durée modérée. Pour combien de temps ? Il émet le vœu, que nous partageons avec lui, d’une diffusion en prime-time de la soirée. Il faudra réfléchir à faire un vrai spectacle ludique et attractif.

Pour tout palmarès, il y a toujours des oubliés, la Comédie Française ne recevra pas un seul Molière, ce qui est un comble. Les excellentes Fourberies de Scapin mises en scène par Denis Podalydès auraient mérité un prix même si les salles sont pleines à craquer.

Un trentième anniversaire un peu terne malgré la bonne humeur de Zabou Breitman. La salle Pleyel est peut-être trop grande pour créer un sentiment de convivialité. Mais le public de professionnels n’a pas boudé son plaisir. Zabou n’a pas démérité !

La soirée verra la confirmation de deux piliers du théâtre Joël Pommerat et Ariane Mnouchkine et la consécration de Jean-Philippe Daguerre.

Que la force de Molière soit avec vous.

La liste de tous les gagnants :

Molière du Théâtre privé :
 
 Adieu Monsieur Haffmann, de Jean-Philippe Daguerre, mise en scène Jean-Philippe Daguerre, Petit Montparnasse.
 
 
Molière duThéâtre public :
 
 Une Chambre en Inde, création collective du Théâtre du Soleil, mise en scène Ariane Mnouchkine, Théâtre du Soleil.
 
Molière de la Comédie :
 
 Le Gros Diamant du Prince Ludwig, de Henry Lewis, Jonathan Sayer et Henry Shields, adaptation Gwen Aduh et Miren Pradier, mise en scène Gwen Aduh, Théâtre du Gymnase.
 
Molière de la Création visuelle :
 
 Cendrillon, de Joël Pommerat, mise en scène Joël Pommerat, Théâtre de la Porte Saint-Martin.
Scénographie : Éric Soyer, costumes : Isabelle Deffin, lumière : Éric Soyer, vidéo : Renaud Rubiano.
 
Molière du Spectacle musical :
 
 Histoire du soldat, de Ramuz et Stravinsky, mise en scène Stéphan Druet, Théâtre de Poche-Montparnasse.
 
Molière de l’Humour :
 
 Blanche Gardin, dans Je parle toute seule, de Blanche Gardin, mise en scène Maïa Sandoz.
 
Molière du Jeune public :
 
 Le Petit Chaperon rouge, de Joël Pommerat, mise en scène Joël Pommerat, Cie Louis Brouillard.
 
Molière du Seul/e en scène :
 
 Vous n’aurez pas ma haine, avec Raphaël Personnaz, d’après Antoine Leiris, mise en scène Benjamin Guillard, 984 Productions - Arnaud Bertrand
 
Molière du Comédien dans un spectacle de Théâtre public :
 
 Jacques Gamblin, dans 1 heure 23’14 ’’ et 7 centièmes, de Jacques Gamblin et Bastien Lefèvre, mise en scène Jacques Gamblin.
 
Molière de la Comédienne dans un spectacle de Théâtre privé :
 
 Laure Calamy, dans Le Jeu de l’amour et du hasard, de Marivaux, mise en scène Catherine Hiegel.
 
Molière de la Comédienne dans un spectacle de Théâtre public :
 
 Marina Hands, dans Actrice, de Pascal Rambert, mise en scène Pascal Rambert.
 
Molière du Comédien dans un second rôle :
 
 Franck Desmedt, dans Adieu Monsieur Haffmann, de Jean-Philippe Daguerre, mise en scène Jean-Philippe Daguerre.
 
Molière de la Comédienne dans un second rôle :
 
 Christine Murillo, dans Le Tartuffe, de Molière, mise en scène Michel Fau.
 
Molière de la Révélation masculine :
 
 Rod Paradot, dans Le Fils, de Florian Zeller, mise en scène Ladislas Chollat.
 
Molière de la Révélation féminine :
 
 Julie Cavanna, dans Adieu Monsieur Haffmann, de Jean-Philippe Daguerre, mise en scène Jean-Philippe Daguerre.
 
Molière de l’Auteur francophone vivant :
 
 Jean-Philippe Daguerre, pour Adieu Monsieur Haffmann.
 
Molière du Metteur en scène d’un spectacle de Théâtre privé :
 
 Joël Pommerat, pour Cendrillon, de Joël Pommerat.
 
Molière du Metteur en scène d’un spectacle de Théâtre public :

 Ariane Mnouchkine, pour Une Chambre en Inde, création collective du théâtre du Soleil

A propos de l'auteur
Marie-Laure Atinault
Marie-Laure Atinault

Le début de sa vie fut compliqué ! Son vrai nom est Cosette, et son enfance ne fut pas facile ! Les Thénardier ne lui firent grâce de rien, théâtre, cinéma, musée, château. Un dur apprentissage. Une fois libérée à la majorité, elle se consacra aux...

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