Van Manen et le tandem Leon-Light Foot
Le maître face aux élèves
La danse pure indépendante de tout souci chorégraphique dans le sillage de l’héritage de George Balanchine est ce qui caractérise le style du chorégraphe néerlandais Hans van Manen (né en 1932).
Il partage l’affiche d’un des programmes de printemps 2019 du Ballet de l’Opéra de Paris avec deux cadets qui travaillent en tandem, Sol Leon et Paul LightFoot, deux danseurs-chorégraphes sortis du Nederlands Dans Theater (NDT). Pour cette compagnie néerlandaise répartie sur trois troupes, ils ont chorégraphié déjà plus de 50 pièces.
Hans van Manen reste une des chevilles ouvrières avec également Jiri Kylian du NDT, ce qui ne l’a pas empêché de faire une carrière internationale. C’est ainsi que, dès 1986, il a été invité par le Ballet de l’Opéra de Paris pour lequel il a monté Gross fuge . A la fin des années 60, il avait passé, comme danseur, trois ans au sein de la compagnie Roland Petit se produisant aux côtés de Zizi Jeanmaire et de Cyd Charisse.
Cette année, le Ballet de l’Opéra de Paris reprend son pas de deux de 1982 Trois Gnossiennes entré au répertoire en 2017. La pièce dure huit minutes. Elle s’appuie sur la musique des Gnossienes n° 1, 2 et 3 d’Erik Satie jouées au piano, placé en fond du plateau nu, par Elena Bonnay. Sur cette partition qui répète à l’envi, un même motif lancinant, elle emprunte au ballet classique une rigueur des lignes qui fait bon ménage avec les tensions de l’expressionnisme, et que les interprètes, les étoiles Ludmila Pagliero et Hugo Marchand, se sont appropriés sans difficulté .
La filiation avec Hans van Manen de l’Espagnole Sol Leon et du Britannique Paul Lightfoot, est revendiquée par ces deux créateurs. Lors de la venue à Paris du NDT en 1997, on a vu une de leurs chorégraphies Start to finish . Cette fois, deux entrent au répertoire du Ballet de l’Opéra : Sleight of hand de 2007 pour huit danseurs sur une musique de Philip Glass et Speak for yourself de 1999 pour neuf danseurs sur des partitions de Bach et de Steve Reich. Sur ces musiques à dominante répétitive, une gestuelle précise (« insondable » de l’aveu même des exégètes des deux chorégraphes) aux portées complexes, des trios et des pas de deux alternent dans un dispositif scénique aux couleurs contrastées, avec pour Speak for yourself , la présence d’eau et de fumée et pour Sleight of Hand un plateau dominé par un homme et une femme montés sur échasses et des danseurs disparaissant et réapparaissant.
Palais Garnier, 26 avril, 11, 14 et 17 mai 2019 à 19h30, 27 avril, 5, 12, 18 mai 2019 à 14h30 et 27 avril et 18 mai 2019 à 20h , durée 1h30,places de 10 à 110 €.
Photo : « Trois Gnossiennes » ©Elena Bauer