Paris, Théâtre du Rond-Point
Sortir de sa mère de Pierre Notte
Une affaire de famille
Avec ce nouvel opus Pierre Notte renoue avec l’une de ses sources d’inspiration privilégiées : le milieu familial, déjà abordé dans ses pièces précédentes, Moi aussi je suis Catherine Deneuve ou Pour l’amour de Gérard Philipe. Cette fois il évoque la saga agitée d’un frère et d’une sœur se croyant jumeaux et de leurs parents ayant partagé “trente ans de vie d’amour”. Une famille ordinaire ? Pas vraiment lorsque le voile se lève au delà des apparences. Le père est déjà mort et la mère atteinte par la maladie d’Alzheimer. Une situation qui paradoxalement permet un retour dans le passé et la mémoire. Surtout naturellement du côté des enfants. Entre les souvenirs qui reviennent et les regrets et frustrations de l’enfance, nuancés ou fantasmés suivant les cas et les interprétations de chacun. Avec leurs lots d’incertitudes, d’interrogations et de révélations. Si la mère est au centre en attestant de son amour maternel, il est aussi beaucoup question du père, sans doute le premier dont il faut probablement …“sortir”. Qu’on en juge, car après avoir avoué que la naissance de sa fille était “un échec de fausse couche “, il a refusé de reconnaître son fils dont on apprendra que la mère n’est autre que Liz Taylor qui fera une apparition hollywoodienne. Bonjour les traumatismes. Mais vaille que vaille il faut bien continuer à se construire.
En fonction de cet objectif les protagonistes traversent diverses situations tragi-comiques rocambolesques, articulées dans une succession de saynètes interprétées par trois comédiens –chanteurs épatants, Tiphaine Gentilleau, Brice Hillairet et Chloé Olivères, accompagnés au piano par l’auteur, également fantôme du père disparu. Au cœur d’une boîte noire avec quelques accessoires signifiants, un jeu théâtral à mains nues qui contribue à la lisibilité des propos. Ces quelques pistes donnent la tonalité de cette comédie pleine de fantaisie portée par une écriture vive dont les répliques font mouche. (Editions L’Avant - Scène théâtre, collection Quatre - Vents). Pas de règlements de comptes outranciers ni d’allusions freudiennes appuyées, mais sans aucune mièvrerie un spectacle, drôle, intelligent, parfois caustique, mais surtout empreint de tendresse et d’humanité.
Sous la forme d’un diptyque, Pierre Notte accompagne cette création d’un spectacle cabaret, La Chair des tristes culs, interprété par les mêmes comédiens.
@ Giovanni Cittadini Cesi
Sortir de sa mère, texte, mise en scène et musiques de Pierre Notte, avec Thiphaine Gentilleau, Brice Hillairet, Chloé Olivères et Pierre Notte. Lumière Nicolas Priouzeau, son Guillaume Duguet, costumes Colombe Lauriot – Prévost. Durée 1 h 15. Théâtre du Rond – Point jusqu’au 9 février 2013. Théâtre du Pont-Tournant – Bordeaux les 22 et 23 février 2013.
