Les Lunes de Marina Tsvetaeva

Rencontre avec Isabelle Hurtin : neuf comédiennes pour une femme poète

Les Lunes de Marina Tsvetaeva

Les hommages à l’immense poétesse russe Marina Tsvetaeva (1892-1941) prennent généralement la forme d’un spectacle modeste, à un acteur. Isabelle Hurtin prend une direction opposée. Elle met en scène Les Lunes à partir de textes de Tsvetaeva, en composant neuf tableaux joués par neuf comédiennes.

D’où est né ce spectacle Les Lunes ?
Isabelle Hurtin. Quand je suis entré à l’école de théâtre de Chaillot, je ne connaissais rien. J’ai découvert La Mouette de Tchekhov et je l’ai gardée en moi toute ma vie. J’ai pu monter la pièce il y a deux ans et, avec Marina Tsvetaeva, je poursuis cette idée de maison sur l’autre rive, la maison qui semble mieux que ce que l’on a. Le spectacle tiré des Lunes, c’est la maison où est Marina et où elle est absente, elle qui fut tant exilée. Ce n’est pas du tout féministe mais cela parle de la différence d’être une femme, une artiste dans sa maison.
Comment avez-vous fait l’adaptation ?
Cela a pris des mois. J’ai tout relu. J’en suis arrivée à un ensemble de neuf tableaux, de neuf femmes qui sont des facettes de Marina. Mais Marina, dans chaque tableau, n’est pas seule. Plein de gens passent. Il y a des dialogues, des poésies, des choses tirées des carnets…
Y a-t-il une trame, une histoire ?
On part de Marina, habitant pauvrement dans l’hôtel Innova à Paris. Les neuf tableaux sortent de son imaginaire. Marina parle de ses chambres, de sa misère, de sa vie d’exilée, de ses souvenirs d’enfant, de sa vie de mère, de tous ses amours – platoniques ou pas (les filles, les garçons, le mari, les poètes), de sa folie de la liberté, de son œuvre, de la bataille d’Aphrodite, du corbeau noir et du cygne blanc… Pour terminer, ce qui reste, c’est la trace, quand il n’y a plus de matière. Ce sont autant d’interprétations d’elle-même.
Comment avez-vous réuni votre équipe ?
Dans chacun de mes projets, je fais jouer des jeunes avec qui je travaille. C’est ainsi que Ilham Bakal, Inès Hammache, Fanny Jouffroy, Olivia Machon, Yasmine Modestine, Maeva Pinto Lopes jouent avec Coco Felgeirolles et Marie Vitez. Je joue aussi, je suis dans tous mes spectacles. Marie Vitez – une rencontre merveilleuse – a sculpté les « ombres » et réalisé une marionnette d’oiseau sans ailes, qui est une figure de l’écrivain. On n’interprète pas le personnage de Marina. Chaque Marina est à un autre niveau, dans une couleur particulière. Cela demande au public de se laisser faire.

Les Lunes, texte adapté pour le théâtre d’après Marina Tsvetaeva Adaptation et mise en scène Isabelle Hurtin Conception ombres Marie Vitez Assistants Bruno Bisaro et Kevin Chemla Lumières Jean Grison
Son Lionel Erpelding

Avec Ilham Bakal, Coco Felgeirolles, Inès Hammache, Isabelle Hurtin, Fanny Jouffroy, Olivia Machon, Yasmine Modestine, Maeva Pinto Lopes, Marie Vitez

Théâtre de l’Epée de bois, cartoucherie de Vincennes, 20 h 30, tél. : 01 48 08 39 74, jusqu’au 24 mars.

Photo DR.

A propos de l'auteur
Gilles Costaz
Gilles Costaz

Journaliste et auteur de théâtre, longtemps président du Syndicat de la critique, il a collaboré à de nombreux journaux, des « Echos » à « Paris-Match ». Il participe à l’émission de Jérôme Garcin « Le Masque et la Plume » sur France-Inter depuis un quart...

Voir la fiche complète de l'auteur

Laisser un message

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

S'inscrire à notre lettre d'information
Commentaires récents
Articles récents
Facebook