Les Fourberies de Scapin de Molière
Violence urbaine
Chez Molière, Les Fourberies de Scapin peuvent donner envie à des metteurs en scène d’en donner une vision banlieue. C’est un peu ce qu’a fait Jean-Phillippe Daguerre dans le spectacle donné au théâtre Saint-Georges. Tigran Mekhitarian y va lui, à fond les manettes. Les personnages sont dans un décor de squatt – en fait un assemblage de palettes - ; ils portent des tenues noires ou rouges, des sacs à dos, s’interpellent, s’embrassent ou se battent sans ménagement. Des raps interviennent en cours de route, violents à l’égard de l’ordre légal.
Ce qu’on aime avant tout, c’est l’énergie de cette équipe, passionnée et déchaînée. En revanche, l’introduction d’éléments criminels (revolvers) et la disparition des repères classiques – on ne distingue plus les aristos des inférieurs et des valets – sont un contresens. Scapin n’a pas la brutalité de certaines banlieues. Ou alors on monte toute la pièce dans cet esprit-là. On n’additionne pas deux conceptions antagonistes. Par sa vitalité, le spectacle n’en est pas moins impressionnant, avec un Sébastien Gorsky explosif en Scapin et, pour ne citer qu’eux les très bons Charlotte Levy (Zerbinette), Samuel Yagoubi (Octave) et Théo Navarro-Mussy (Géronte).
Les Fourberies de Scapin de Molière, mise en scène Tigran Mekhitarian, Cie L’Illustre Théâtre, musiques originales Sébastien Gorski, scénographie et lumières deTigran Mekhitarian, avec Isabelle Andrzejewski (Nérine), Théo Askolovitch ou Axel Giudicelli ou Damien Sobieraff (Carle), Sébastien Gorski ou Tigran Mekhitarian (Scapin), Charlotte Levy ou Pauline Huriet (Zerbinette), Tigran Mekhitarian ou Théo Askolovitch (Léandre), Louka Meliava (Sylvestre), Théo Navarro-Mussy (Géronte), Etienne Paliniewicz (Argante), Blanche Sottou (Hyacinthe) et Samuel Yagoubi (Octave)
Théâtre 13/ Seine, tél. : 01 45 88 62 22, jusqu’au 14 avril. (Durée : 1 h 45).
Photo David Law.