Paris-Théâtre de l’opprimé jusqu’au 28 décembre 2008

Les 7 jours de Simon Labrosse de Carole Fréchette

C’est l’histoire d’un mec

Les 7 jours de Simon Labrosse de Carole Fréchette

La dramatureg québécoise Carole Fréchette a la plume joliment imagée, une grande tendresse pour ses personnages (son Simon Labrosse est aussi attachant que l’était Hélène dans Le Collier d’Hélène) et beaucoup d’humour. Simon (Cédric Revollon) est un chouette type, doué d’une imagination et d’une énergie à revendre qui, en l’espace de 7 jours, tente de recréer sa vie dans une société dont il est exclu sur tous les plans, professionnel et affectif. Chaque séquence de la mise en scène de Claude Viala s’engage sur un jingle de Sanseverino et sur la phrase rituelle : « il y eut un soir, il y eut un matin.. » Simon est un être optimiste, poétique et créatif ; pour s’en sortir, il propose aux passants des services improbables tels que cascadeur émotif, finisseur de phrases, flatteur d’ego, spectateur de vie, allégeur de conscience et malgré les échecs il ne perd jamais espoir, contrairement à son « cheum » Léo (Hervé Laudière), qui, blessé par la chute d’une brique qui a endommagé son cortex, est handicapé du bonheur, incapable de prononcer des mots positifs. Léo est un de ses deux acolytes farfelus, recrutés pour jouer un rôle dans son histoire. Car Simon existe le temps de la représentation et soumet son avenir à l’intérêt que les spectateurs porteront à sa vie banale, jour après jour. Nathalie (Léonore Chaix, un vrai tempérament comique), elle, est obsédée par ses organes et ne s’intéresse qu’à l’intimité de son intérieur. Les trois acteurs campent trois personnalités fortes et singulières. Les changements de costumes se font à vue, le rythme des scènes est soutenu, la pièce avance à vive allure jusqu’au septième jour où Simon, épuisé, se repose avant de se remettre en route pour une nouvelle quête. Entre-temps on aura appris que son amoureuse partie en Afrique n’était qu’un mirage, qu’il est persécuté par le propriétaire de son appartement qui réclame ses loyers, par l’huissier de service, etc. Avec son nez en trompette, son sourire enjoué, son petit jean de velours et son tee-shirt bleu pétant, Cédric Revollon donne à son personnage la fraîcheur et le tonus d’un collégien prêt à dévorer la vie à pleines dents. Cette comédie use du théâtre comme lieu de vérité, et raconte sur le mode burlesque le désarroi et la solitude d’un homme plein de bonne volonté dont la vitalité est broyée par le matérialisme de la société. Le texte, et la mise en scène, empruntent le chemin d’une rêverie poétique et drôle, preuve que, comme dit le poète espagnol Gabriel Celaya, la poésie est une arme chargée de futur, une arme de résistance à la trivialité du monde.

Les 7 jours de Simon Labrosse de Carole Fréchette mise en scène Claude Viala, avec Cédric Revollon, Léonore Chaix, Hervé Laudière, musique Sanseverino. A Paris, au Théâtre de l’opprimé jusqu’au 28 décembre du mercredi au samedi à 20h30, dimanche à 17h. Tél : 01 43 40 44 44.

www.theatredelopprime.fr

A propos de l'auteur
Corinne Denailles
Corinne Denailles

Professeur de lettres ; a travaille dans le secteur de l’édition pédagogique dans le cadre de l’Education nationale. A collaboré comme critique théâtrale à divers journaux (Politis, Passage, Journal du théâtre, Zurban) et revue (Du théâtre,...

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