Paris, théâtre Mouffetard jusqu’au 30 avril 2010
La Confusion des sentiments d’après Stefan Zweig
Une adaptation respectueuse
Le roman de Stefan Zweig est connu : un professeur d’université semble vivre pour transmettre sa passion de Shakespeare et du monde élisabéthain. Mais ne délaisse-t-il pas sa femme ? Pourquoi disparaît-il à intervalles réguliers ? Quelle relation cherche-t-il à nouer avec l’un de ses étudiants préférés ? Et cet étudiant n’est-il pas attiré par l’épouse qui semble prête à répondre à cette attirance ? Tous les sentiments sont ambigus, tous les amours sont possibles dans cette situation bien que l’homosexualité y soit dominante de manière d’abord masquée puis évidente.
Michel Kacenelenbogen a conçu un spectacle feutré, à l’image de ces rideaux de tulle qui ferment la scène et d’une pénombre généralisée. L’adaptation de Thierry Debroux est respectueuse. C’est peut-être le problème du spectacle : à force de respect, il étouffe dans l’invisible et la construction d’une atmosphère pesante la virulence des sentiments ; en s’attachant à la « confusion » affichée dans le titre, il est riche en nuances mais manque d’éclat. Le jeu de Nicolas d’Oultremont, qui incarne l’étudiant, paraît lui aussi trop discret. Pierre Santini, en homme déchiré, et Muriel Jacbos, en épouse sacrifiée et contradictoire, sont, eux, dans la pleine vérité de l’œuvre.
La Confusion des sentiments d’après Stefan Zweig, traduction et adaptation de Thierry Debroux, mise en scène de Michel Kacenelenbogen, décors et costumes d’Elisabeth Schnell, lumières de Laurent Kaye, avec Pierre Santini, Muriel Jacobs, Nicolas d’Oultremont. Théâtre Mouffetard, tél. : 01 43 31 11 99, jusqu’au 30 avril (1 h 30).