A La Folie Théâtre jusqu’au 9 janvier

L’Amour en prime

Jean et Béatrice de Carole Frechette

L'Amour en prime

« Je préfère la mélancolie à la rage, la tristesse à l’indignation, le désarroi à la colère, les questions aux réponses » explique l’auteure québécoise Carole Fréchette. Suffit-il de croire à l’amour, pour qu’il advienne, pourrait être la question qui infuse la rencontre entre Jean le chasseur le prime et Béatrice qui a affiché sur les murs de la ville une petite annonce proposant une « récompense substantielle » à l’homme qui pourra « l’intéresser, l’émouvoir et la séduire ».

Au trente troisième étage d’une tour dont l’ascenseur est en panne, dans une pièce quasiment vide, jonchée de verres en plastique au milieu desquels se trouve un fauteuil de cuir blanc et quelques tas de pommes, mince silhouette, vêtue d’une robe noire, longs cheveux : « Toutes les femmes séduisantes ont les cheveux qui tombent sur les reins », Béatrice fait les cent pas. Elle attend celui qui répondra à son annonce comme on résout une énigme.

On frappe à la porte. C’est Jean, essoufflé par sa rude ascension, le jean et le blouson du baroudeur chasseur de primes. Bien décidé à empocher la récompense qu’il exige, en billets de 20 dollars, il se soumet au jeu des épreuves. De tricheries de l’un en détournement des règles de l’autre, la rencontre, où aucun des deux n’écoute vraiment l’autre, vire au duel et à un affrontement sans merci qui lève tous les voiles et laisse les âmes à nu et en lambeaux.

A travers cette pièce, que la mise en scène d’Hélène Lebarbier organise comme un huis clos, Carole Fréchette use des méandres des désirs pour raconter la complexité des relations humaines, gratter les plaies de nos solitudes urbaines et nos frayeurs d’affronter l’autre. Si on peut regretter que la mise en scène corsète trop le spectacle dans la gravité, ce qui le prive de l’humour qui traverse la pièce, l’inconvénient est compensé par le jeu des comédiens.

Tandis que Frédéric Gray nimbe son chasseur de primes de dangereux mystères d’où affleurent quelques failles, Valérie Parisot donne tout son jus à une Béatrice pétrie de solitude et assoiffée d’amour, hystérique et romanesque, bravache et fragile.

Jean et Béatrice de Carole Fréchette mise en scène Hélène Lebarbier, avec Frédéric Gray et Valérie Parisot. 1h15
A la Folie Théâtre jusqu’au 9 janvier - du jeudi au samedi à 22h, les lundis à 20h30, les dimanches à 18h - Tel :01 43 55 14 80

A propos de l'auteur
Dominique Darzacq
Dominique Darzacq

Journaliste, critique a collaboré notamment à France Inter, Connaissance des Arts, Le Monde, Révolution, TFI. En free lance a collaboré et collabore à divers revues et publications : notamment, Le Journal du Théâtre, Itinéraire, Théâtre Aujourd’hui....

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