Intra muros de Alexis Michalik

Du savoir-faire

Intra muros de Alexis Michalik

Une ébauche du premier spectacle d’Alexis Michalik, Le Porteur d’histoires, a vu le jour au Ciné théâtre 13 en 2011, et c’est au théâtre 13 que la version aboutie a été représentée pour la première fois, et récompensée par les Molières en 2014, comme le suivant, Le Cercle des illusionnistes. Il était donc logique que ce soit une pièce de Michalik qui inaugure le nouveau Théâtre 13/jardin, après deux ans de travaux. Créé en 1981, ce théâtre de quartier affiche une programmation de qualité et encourage la jeune génération avec le prix théâtre 13/jeunes metteurs en scène.

La marque de fabrique des textes de Michalik c’est le principe du puzzle. Des histoires qui au départ n’ont apparemment rien à voir les unes avec les autres, entrelacées, mélangées, dépliées, dénouées pour en retrouver le fil. Peu de moyens scénographiques, une manière cinématographique, des tableaux enchaînés rapidement, beaucoup d’humour, un zeste de drame. Une recette qui a magnifiquement fonctionné jusqu’au troisième spectacle, Edmond, toujours à l’affiche du théâtre du Palais-Royal depuis la rentrée 2016.

Avec Intra muros Michalik, reprend le principe du Porteur d’histoires conçu à partir d’improvisations qui tenait du feuilleton à la Dumas et du roman à suspens. On retrouve le même savoir-faire dans ce dernier spectacle mais pour la première fois on est déçu car le propos est un peu court. Un atelier théâtre en milieu carcéral conduit par un metteur en scène ringard (Paul Jeanson) ; une assistante qui se révèlera être son ex-femme (Jeanne Arenes) ; une éducatrice (Alice De Lencquesaing) qui en fait est à l’initiative de tout. Et puis il y a les deux prisonniers. Ange (Bernard Blancan), le Corse, taiseux et sombre et le jeune Kevin (Faycal Safi), l’agité des banlieues. Au fil du spectacle, le huis-clos de la prison s’ouvre sur l’extérieur à travers les récit de Kevin et de Ange qui finira par se confier. Au final, une petite histoire qui rappelle les mélodrames du boulevard du crime, qui vaut pour la démonstration théâtrale. Il est toujours question de théâtre dans le théâtre, du travail de l’acteur, de la frontière tenue entre réalité et imaginaire, de la magie de la scène. Il y a beaucoup d’habileté dans ce jeu de passe-passe qui donne le vertige, trouble la vue et sème le doute ; beaucoup d’adresse dans l’art de dénouer la pelote de départ et de négocier surprises et rebondissements. Les comédiens, qui endossent plusieurs rôles, se changent à vue, déplacent les éléments du décor, sont tous formidables.

Intra muros texte et mise en scène Alexis Michalik. Création Lumière Arnaud Jung. Scénographie Juliette Azzopardi. Costumes Marion Rebmann. Musique Raphaël Charpentier. Avec Jeanne Arenes Bernard Blancan Alice De Lencquesaing, Paul Jeanso, Faycal Safi et le musicien Raphaël Charpentier. Au théâtre 13/jardin jusqu’au 16 avril 2017 à 20h. Durée : 1h30. Résa : 01 45 88 62 22
www.theatre13.com

© Alejandro Guerrero

A propos de l'auteur
Corinne Denailles
Corinne Denailles

Professeur de lettres ; a travaille dans le secteur de l’édition pédagogique dans le cadre de l’Education nationale. A collaboré comme critique théâtrale à divers journaux (Politis, Passage, Journal du théâtre, Zurban) et revue (Du théâtre,...

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