Hors de moi librement inspiré de Toon Tellegen

Un bestiaire animalier haut en couleur

Hors de moi librement inspiré de Toon Tellegen

Que faire de la colère qui surgit ? Doit-on la réprimer ou s’y laisser aller ? Une intéressante question qui permet à Grégoire Caillies d’emprunter au bestiaire malicieux de l’auteur néerlandais Toon Tellegen, ancien pédiatre, passé, nous dit-on, du stéthoscope à la plume pour échapper au monde douloureux qu’il croisait. Vu côté littérature, il a drôlement bien fait tant sont savoureuses les drôles de bestioles qui sortent de son encrier, lesquelles au contraire de celles de La Fontaine ne délivrent pas plus de message qu’elles ne tirent de conclusion.

Dans la clairière enchantée qui sert d’écrin à une fable où l’ordinaire du quotidien flirte avec le fantastique, on rencontre un grillon sûr de soi, une tortue en proie à de sérieux doutes existentiels, « si je cours après l’escargot, je ne serai plus une tortue »

se dit-elle en décidant de rester sur place. On y croise encore une grenouille aux prétentions musiciennes, un éléphanteau désobéissant et obstiné à vouloir regarder le paysage du haut d’un arbre dont il tombe régulièrement, une carpe toutes écailles argentées au vent, chevauchée par un écureuil débonnaire. Il est très ami avec la fourmi qui, elle, voudrait bien goûter au gâteau d’anniversaire de l’ours, qui, comme chacun sait, est glouton et gourmand. Quant à cette drôle de marchande qu’est la musaraigne, elle vend toutes sortes de colères, celle qui vous fait rouge écarlate, comme celle qui vous rend vert de rage, sans trouver acquéreur dans cette clairière où l’idée de colère semble avoir disparu.

Pour nous embarquer dans ce monde animal farfelu et cocasse qui nous parle en douce d’amitié et de tolérance Grégoire Caillies, secondé pour la mise en scène par Pauline Ribat, marie ensemble, avec le même raffinement, différents vocabulaires artistiques. C’est d’abord un décor Fregoli au centre duquel un chêne, miroitant de mille feux comme un sapin de Noël, devient castelet. Ce sont des projections vidéo qui font la forêt touffue et pleine de mystères et de magies et, y vivant , étranger aux voitures qui la traversent parfois, un surprenant et magnifique bestiaire animalier fait de fer et de tissus qu’anime Grégoire Caillies, marionnettiste, comédien et conteur, dont l’art rend pleinement justice à l’imaginaire espiègle et tendrement humoristique de Toon Tellegen.
« C’est déjà fini ! » s’est exclamé à côté de moi un jeune spectateur . N’est-ce pas là, la meilleure des critiques ?

Hors de moi, librement inspiré de Toon Tellegen, adaptation Claire Chevalier, mise en scène Grégoire Caillies, Pauline Ribat, scénographie et marionnettes Jean-Baptiste Manessier , jeu et manipulation Grégoire Caillies (durée 55’)

Théâtre de l’Atalante jusqu’au 23 décembre 15h, tel 01 42 23 17 29

Théâtre du Roblot à Fontenay-sous-Bois du 7 au 10 janvier.

Photos ©Victor Tonelli/ ArtComArt

A propos de l'auteur
Dominique Darzacq
Dominique Darzacq

Journaliste, critique a collaboré notamment à France Inter, Connaissance des Arts, Le Monde, Révolution, TFI. En free lance a collaboré et collabore à divers revues et publications : notamment, Le Journal du Théâtre, Itinéraire, Théâtre Aujourd’hui....

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