Anne Teresa de Keersmaeker, Maguy Marin, Lucinda Childs

Leur confrontation à la "Grande fugue " de Beethoven

Anne Teresa de Keersmaeker, Maguy Marin, Lucinda Childs

Il ne faut surtout pas voir le programme Trois Grandes Fugues comme un exercice de style pour faire jouer la comparaison entre trois chorégraphes femmes, mais un programme pour mieux apprécier trois différents courants de la danse contemporaine.
On doit cette initiative au Ballet de l’Opéra de Lyon qui affiche cette saison, à Lyon et au Festival d’automne à Paris, puis en tournée, les confrontations de la Belge Anne Teresa de Keersmaeker, de la Française Maguy Marin et de l’Américaine Lucinda Childs, avec la musique de La Grande Fugue de Beethoven, adaptée à une formation de cordes de l’Orchestre de l’Opéra de Lyon.
Le défi était intéressant pour les chorégraphes, car la partition est considérée comme monumentale et visionnaire, à la fois dans sa puissance expressive et dans ses dimensions. D’entrée de jeu, il faut dire que ce défi a été relevé grâce à la familiarité de la troupe du Ballet de l’Opéra de Lyon avec les chorégraphes actuels auxquels les danseurs, dotés d’une solide base classique, s’adaptent sans difficulté. Au passage il faut saluer la rigoureuse exigence du directeur de la compagnie Yorgos Loukos, fidèle à l’ouverture d’esprit de Françoise Adret qui la relança de 1985 à 1992.

Depuis le début des années 80, Anne Teresa de Keersmaeker (née en 1960)
et Maguy Marin (née en 1951), s’affirment comme des personnalités qui laissent rarement indifférentes. Toutes deux sont passées par l’Ecole Mudra de Maurice Béjart. La première appuie son discours chorégraphique, dès le départ, sur la musique aussi bien classique que contemporaine. La seconde a développé un style mariant pouvoir du rythme, force des images et préoccupations sociales., un sens du tragique aussi qui n’est pas cependant du pessimisme.
Leur aînée Lucinda Childs (née en 1940), figure de la postmoderne dance, affirme vouloir « donner à voir et à entendre la danse », après avoir pratiqué à ses débuts un minimalisme répétitif.
Anne Teresa de Keersmaeker a imaginé en 1992 pour sa compagnie Rosas Die Grosse Fugue . Cette pièce qui est entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra de Lyon en 2006, étaient initialement dansée par sept hommes et une femme. La chorégraphe l’a repensée pour deux femmes et six hommes. Elle privilégie les duos avec des bonds et des chutes d’une grande élasticité ainsi que la vivacité des enchaînements, en relation avec les sections de l’unique mouvement de l’austère partition de Beethoven.
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Quatre danseuses en robes rouge vif (les costumes sont de Chantal Cloupet) sont en scène pour la Grosse Fugue de Maguy Marin, imaginée en 2001 initialement pour sa compagnie, puis adaptée en 2006 pour le Ballet de l’Opéra de Lyon. Elle fait l’effet d’un impressionnant et pétaradant feu d’artifice qui contraste avec les tonalités sombres de la musique de Beethoven.
Grande fugue de Lucinda Childs est la totale nouveauté, commandée par le Ballet de l’Opéra de Lyon pour douze danseurs répartis en six, quatre et deux couples . La musique n’est pas illustrée par la danse, c’est cette dernière qui puise sa dynamique dans l’écriture contrapuntique de Beethoven, ce qui donne à la pièce une allure très classique. Cette nouvelle complicité de la danse avec la musique se sentait déjà dans le style du spectacle Dance de Lucinda Childs qui s’éloignait de la danse minimaliste de ses débuts.

Photos Grande Fugue ©Stofleth 1 Lucind a Childs ,2 Anne Teresa de Keersmaeker, 3 Maguy Marin

Opéra de Lyon, jusqu’au 25 novembre 2016, 20H ; tarif de10 à 38€ ; durée 1H30.
Festival d’automne à Paris :
Maison de la Culture de Créteil, 29 novembre au 3 décembre 2016 ; tarif de 10 à 30€
Compiègne, 6 décembre 2016 -Cergy, 8 et 9 décembre 2016 -Sénart, 13 décembre 2016 - Nanterre, 15 au 17 décembre 2016 - Grenoble 4 au 6 janvier 2017 - Valence 6 février 2017 - Rouen 9 et 10 février 2017 - Lille 25 au 27 avril 2017

A propos de l'auteur
Yves Bourgade
Yves Bourgade

Journaliste, critique free-lance Yves Bourgade a occupé plusieurs postes au sein de l’AFP où il fut responsable des rubriques théâtre, musique et danse de 1980 à 2007. Comme critique musique a collaboré notamment à la « Tribune de Genève » (1971-1988)...

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