Stephan Wojtowicz, heureux adaptateur du mythique "Un singe en hiver" a pris ses quartiers de printemps au théâtre de Paris

Stephan Wojtowicz, heureux adaptateur du mythique "Un singe en hiver" a pris ses quartiers de printemps au théâtre de Paris

En adaptant Un singe en hiver pour le théâtre et offrir un rôle de choix à Eddie Mitchell, Stéphan Wojtowicz, est devenu Le roi des singes en hiver.
Nous rencontrons Stéphan Wojtowicz dans un café à côté du théâtre de Paris. L’auteur de « la Sainte Catherine », est l’adaptateur du Singe en hiver. Il joue également dans la pièce aux côtés de Monsieur Eddie.

WebThéâtre : Eddie Mitchell avait décrété qu’il ne monterait plus sur scène... pour chanter. Comment s’est fait le retour d’Eddie - que vous aviez rencontré sur la scène du théâtre de la Madeleine, en jouant dans Le temps de cerises au côté de Cécile de France dans la pièce de Niels Arestrup - sur la scène d’un théâtre ?

Stéphan Wojtowicz : Eddie ne voulait plus remonter sur scène. C’est son ami et producteur Claude Wild, qui a insisté. Eddie a donné son accord à condition que la pièce en vaille la peine.

WebThéâtre : En adaptant « Un Singe en hiver », aviez-vous conscience de vous attaquer à un mythe. Je parle surtout du film réalisé par le grand Henri Verneuil car, soyons clair, les romans d’Antoine Blondin ne sont plus lus.

Stéphan Wojtowicz : Vous avez tout à fait raison ! Et c’est bien dommage ! Je me suis d’abord plongé dans le roman de Blondin, puis dans le scénario et les dialogues d’Audiard. Ce qui était très séduisant dans ce travail était de se frotter à ces langues, ces envolées de vocabulaire. Il fallait adapter pour la scène des espaces très différents. Avec Stéphane Hillel, qui assure la mise en scène, nous avons vite déterminé le pivot du spectacle, les trois bars celui de l’hôtel restaurant de Quentin, le bar Normand et le café chinois ou Albert Quentin se souvient du Yang-tsé -kiang et surtout de sa jeunesse. Avec, il faut bien le dire, des défis comme le feu d’artifice.

WebThéâtre : Pour un auteur comme vous, quel danger recèle une adaptation ? Y-a-t-il de la frustration ?

Stéphan Wojtowicz : Pour l’adaptation, il fallait que je donne l’impression que chaque mot était de Blondin ou d’Audiard. Un vrai travail d’adaptateur. Il faut avoir une grande discrétion et du respect pour l’œuvre. Le texte d’Audiard est très travaillé, très rigoureux et finalement difficile à se mettre en bouche. Mon travail était de donner aux comédiens un texte qui soit à la fois théâtral et dans le style de ces auteurs. Il n’y a pas de frustration. Ce qui est très agréable, en l’occurrence, est que l’on n’est pas responsable de l’histoire. On avance masqué, un peu comme l’homme invisible.

WebThéâtre : En somme, c’est presque un travail de matriochka. Ces poupées russes qui en cachent une autre ! Le roman de Blondin, puis le scénario, puis les dialogues et la pièce de théâtre. Démêler le tien du mien est un vrai jeu où il est difficile de reconnaître la part de chacun...

Stéphan Wojtowicz  : Oui, je dois dire que je m’amuse beaucoup lorsque certaines de mes phrases sont accréditées à Blondin ou à Audiard. Mais je revendique le lapin !
(Rires)

WebThéâtre : Nous avons évoqué le pivot du spectacle, les trois bars. Des lieux de prédilection pour Antoine Blondin qui était un adepte de la dive bouteille. Et sur le choix de l’époque ?

Stéphane Wojtowicz : Antoine Blondin était un buveur notoire, et un homme qui aimait les femmes. Il s’est servit de sa vie pour le personnage de Gabriel Fouquet (Fred Testot). Il connaissait les affres de l’alcool, et la terreur de l’abstinence bourrue de Quentin. Il faut signaler qu’Albert Quentin a fait le serment de ne plus boire. Les trois bars sont celui du Stella, l’hôtel de Quentin, le café Normand tenu par Esnault, et le café chinois. Je me suis immergé dans le roman de Blondin, couronné par le prix Interallié en 1959. La langue a évolué, on ne parle plus tout à fait comme ça. Avec Stéphane Hillel nous avons tout de suite pensé que garder l’ambiance des années 60 était assez important.

WebThéâtre : Le décor d’Edouard Laug permet d’aller d’un bar à l’autre. Si nous sommes un peu réservé sur la scène de la corrida, celle du feu d’artifice est une vraie réussite.

Stéphan Wojtowicz : Merci pour Laurent Béal ; Ce fut un gros travail pour ce feu d’artifice mais le résultat est là !

WebThéâtre : je trouve que sur scène le rôle de l’épouse de Quentin est plus sympathique que dans le film. Cela rend justice à cette pauvre femme que l’on fait passer pour une enquiquineuse, assez bonnet de nuit dans le film, interprétée par Suzanne Flon. Sur scène elle est jouée par la délicieuse Evelyne Dandry, qui donne beaucoup de tendresse.

Stéphan Wojtowicz : Dans le roman le rôle de la femme est beaucoup plus tendre. Le couple s’aime. Evelyne Dandry est la gardienne de la promesse, elle tente que Quentin ne rechute pas. Lorsque Fouquet arrive, elle sent tout de suite le danger. Fouquet ressemble à Quentin, 20 ans plus tôt. Mais Fouquet ressemble surtout à Antoine Blondin qui faisait la corrida avec les voitures sur le boulevard Saint Germain.

WebThéâtre : Vous saviez très bien que les comparaisons avec le film seraient inévitables.

Stéphan Wojtowicz : Bien sûr toute l’équipe savait que la comparaison avec Gabin, et Belmondo était inévitable ! Mais c’est le jeu !

WebThéâtre : Sans compter avec l’association des vieux singes qui sont des fans inconditionnels du film ! Ceux qui n’avaient jamais vu Fred Testot, lui ont fait un mauvais procès en disant qu’il imite Bebel.

Stéphan Wojtowicz : Oui et c’est tout à fait injuste ! Fred n’imite pas Belmondo mais il a ces mêmes intonations. C’est un garçon adorable et un grand bosseur. De plus, il n’a pas voulu voir le film.

WebThéâtre : Il faut dire qu’il sait être très sobre et l’on sent que ça marche bien entre lui et Eddie Mitchell.

Stéphan Wojtowicz : Absolument. Fred est devenu comme une évidence. Et pour Eddie aussi !

WebThéâtre : Eddie Mitchell, sur un plateau c’est une évidence. Mais il semble assez en retrait dans la première partie du spectacle.

Stéphan Wojtowicz : Eddie a besoin de beaucoup de temps. Il travaille dur, et il est très exigeant. Mais une fois qu’il vous accorde son amitié c’est pour la vie. Il est très fidèle. C’est une qualité rare.

WebThéâtre : La distribution est très belle, car il n’y a pas que la star et puis c’est tout. Nous avons cité Evelyne Dandry, Gérard Loussine qui est un comédien épatant et un certain Stéphan Wojtowicz qui joue Esnault. Vous êtes formidable, vous jouez un salaud ordinaire avec brio !

Stéphan Wojtowicz : Pour la distribution je suis d’accord avec vous, il faut ajouter Chloé Simoneau qui joue la jeune servante de l’Hôtel Stella. Je prends beaucoup de plaisir à jouer Esnault, il est tellement bête, un vrai con.

WebThéâtre : Ce qui est très frappant lorsque l’on vient voir la pièce, ce sont les publics différents. Il y a les inconditionnels d’Eddie, qui de toute façon seront contents car ils viennent voir leur idole. La dame qui était à côté de moi était en pleurs à la fin de la pièce. Il y a ceux qui viennent en curieux et il y a ceux qui viennent pour critiquer négativement ! Mais, quoi qu’il en soit, il se passe quelque chose sur le rocher du théâtre de Paris, des singes sont venus s’y réfugier !

Un singe en hiver d’après le film réalisé par Henri Verneuil
Dialogué par Michel Audiard d’après le roman d’Antoine Blondin
Mise en scène Stéphane Hillel
Avec Eddie Mitchell, Fred Testot, Evelyne Dandry, Gérard Loussine, Chloé Simoneau, Stéphane Wojtowicz
Théâtre de Paris location 01 48 74 25 37 - www.theatredeparis.com

Photo Caroline Nieszawer

A propos de l'auteur
Marie-Laure Atinault
Marie-Laure Atinault

Le début de sa vie fut compliqué ! Son vrai nom est Cosette, et son enfance ne fut pas facile ! Les Thénardier ne lui firent grâce de rien, théâtre, cinéma, musée, château. Un dur apprentissage. Une fois libérée à la majorité, elle se consacra aux...

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