Ne traîne pas trop sous la pluie de et par Richard Bohringer
L’ivresse… des mots !
Alors que l’ouvrage Ne traîne pas trop sous la pluie paraît ces jours-ci en librairie, Richard Bohringer en fait, sur scène, le bel esquif sur lequel il nous embarque pour une flamboyante et truculente virée sur les vagues de sa mémoire. « Ce matin là, nous avons pris un grand bateau… », le voyage s’effectue sans fioritures inutiles, juste un lutrin et une chaise. L’essentiel est dans les mots et leur musique. Des mots paysages, des mots jetés comme des cris de révolte et d’amour. « Je ne suis pas un gars de la syntaxe. Je suis de la syncope. Du bouleversement ultime »
En mesure aujourd’hui de nous « faire un cours magistral sur les eaux de source ou minérales, à petites ou grosses bulles », Richard Bohringer arpente la scène, moitié grand fauve dans la savane, moitié griot sous son arbre. Ce n’est pas pour rien qu’il met en sous-titre de son spectacle « tradition orale ». Entre textes tissés d’écriture à fleur d’âme et improvisations chansonnières au gré de l’humeur du jour, il raconte l’Afrique « qui n’a pas les mêmes oiseaux le matin et le soir », l’Afrique traversée avec son pote Bernard Giraudeau, le Sénégal dont il est aussi le citoyen. Funambule sur le fil tendu de cimes en abîmes, il évoque ses errances et ses transes, ses dérives dans la drogue et l’alcool, Harlem et la belle négresse aimée à qui il a donné le pullover vert tricoté par sa grand-mère….Nerfs à vif et cœur à nu, il dit le désespoir d’écrire et le bonheur des mots, le désir « de faire un tour du côté du bonheur, le bonheur qui s’invente, bon et doux comme la bière qui coule au creux du ventre ».
Villon des temps modernes, Richard Bohringer en nous conviant à le suivre sur ses chemins de traverse, nous offre un moment rare d’humaine poésie.
Ne traîne pas trop sous la pluie, de et par Richard Bohringer 1h30
Du 15 au 19 juillet 2011 , au Petit Louvre à 23h15