Paris, Théâtre de la Madeleine, jusqu’au 31 juillet

Le Solitaire d’Eugène Ionesco

François Marthouret en majesté

Le Solitaire d'Eugène Ionesco

Quand tous les chemins du théâtre mènent à Avignon par ces temps de festival et de canicule, il est encore des lieux parisiens qui proposent des spectacles de grande qualité, conciliant exigence et émotion. Bel exemple au Théâtre de la Madeleine avec ce texte romanesque de Ionesco – le premier et l’unique roman du maître de l’absurde - mis en scène avec une impressionnante maestria par Jean-Louis Martinelli, qui associe les Amandiers de Nanterre à une coproduction inédite avec le « privé » . On sent, tout au long du spectacle, le fruit de l’étroite collaboration et de la confiance totale qu’a accordée François Marthouret à son metteur en scène. Abandonné tout entier au jeu et à l’expression de sentiments contradictoires et profonds, le comédien ne peut se raccrocher qu’à sa vive sensibilité pour interpréter cet homme en équilibre précaire entre liberté et folie. D’une certaine façon, la vie est terminée pour cet employé de trente-cinq ans qui peut cesser son activité salariée à la faveur de l’héritage providentiel qu’il a reçu d’un oncle. Mais d’une tout autre façon, cet homme terne, qui se raconte dans la solitude de sa chambre, peut s’ouvrir à l’existence. Et fuir cet isolement qui l’étreint… Chaque jour, il se rend dans un restaurant, qui devient le théâtre de toutes les expériences humaines. Au fil de son récit, le plateau s’éclaire de lumières différentes, qui sont autant d’éclairages sur nos vies, leurs petitesses comme leurs grandeurs, leurs fulgurances comme leurs non-sens… Mais à une routine succède une autre routine pour ce solitaire, saisi par des idées de mort qu’il tente de conjurer. A la renaissance succède l’effondrement, en un cycle terriblement immuable, qui provoquerait le rire s’il n’était le lot de la condition humaine. Autant dire que l’on retrouve dans ce monologue magnifiquement théâtral les obsessions de Ionesco, portées au plus haut par ce spectacle crépusculaire qui vous serre le cœur…

Le Solitaire d’Eugène Ionesco. Mise en scène de Jean-Louis Martinelli. Avec François Marthouret. Montage texte : Jacques Maitrot et François Marthouret. Décor : Gilles Taschet. Lumières : Jean-Marc Skatchko. Théâtre de la Madeleine, 19 rue de Surène, 75008 Paris. Du mardi au samedi à 20 heures. Tarif unique : 20 € (10 € pour étudiants et moins de 26 ans). Tél : 01 42 65 07 09. Jusqu’au 31 juillet. Durée : 1 h 30.

crédit photographique : Dunnara-Meas

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Bruno Bouvet

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